Énergie positive, le trop-plein qui rapporte

308

Mieux que la maison passive, le bâtiment à énergie positive génère plus d’énergie qu’il n’en consomme. Gros plan sur ces habitations qui ont de l’énergie… à revendre !

Si, depuis quelques années, le concept d’habitation passive suscite les plus grands espoirs dans le secteur de l’écoconstruction, le bâtiment à énergie positive, parfois appelé « Bepos », pourrait bien, un jour prochain, lui voler la vedette. Loin de se contenter de l’autosuffisance énergétique promise par la première, ce concept révolutionnaire vise le bilan excédentaire. En gros, les heureux propriétaires d’un logement à énergie positive produiraient plus d’énergie qu’ils n’en consomment et pourraient ainsi envisager de la commercialiser. Au lieu de recevoir des factures, ce serait eux qui en enverraient ! Pas mal, mais voyons un peu comment cela fonctionne en pratique…

Du négatif au passif

Prenons une maison classique, isolée « à l’ancienne ». Chaque hiver, un poste de dépenses important est consacré au chauffage, de 850 € pour une maison abritant une famille de cinq personnes chauffée au gaz à 1 400 € pour le même foyer alimenté au fioul et 1 600 € pour le tout-électrique*. Regardons à présent ce qui se passe au niveau des pertes énergétiques : de 7 à 15 % de la chaleur s’échappe par le plancher, de 10 à 15 % par les fenêtres, de 20 à 25 % par les systèmes de ventilation, de 20 à 25 % également par les murs et de 25 à 30 % par le toit ! Bref, une fois les comptes faits, on s’aperçoit que la totalité de l’énergie dépensée pour réchauffer une telle habitation ne sert qu’à compenser les pertes de chaleur liées à sa conception. Autant jeter l’argent par les fenêtres.
Regardons maintenant ce qui se passe dans une maison passive : aussi calfeutrée qu’une bouteille thermos, elle est suffisamment isolée pour ne pas perdre un seul petit kilojoule de l’énergie produite par ses habitants et leurs équipements. Cuisine, matériel hi-fi, électroménager… Tout est mis à contribution pour chauffer l’intérieur. Conçue selon les principes de l’habitat bioclimatique, la maison passive est également capable d’exploiter les apports passifs venant de l’extérieur par le biais de l’ensoleillement. Rien ne se perd, rien ne se crée… Tout est ici conçu pour permettre à ses habitants de vivre confortablement sans chauffage en toute saison.

Et du passif au positif

imageArticle2Poussant plus loin encore cette logique, le Bepos est une sorte de super maison passive, capable de transformer ce bilan neutre en bilan excédentaire. Non seulement, aucune énergie n’est dépensée pour se chauffer, mais les équipements de production d’énergie et leur gestion intelligente permettent de capter les excédents produits pour les réutiliser sur d’autres postes, voire, dans le meilleur des cas, les revendre. Toits, murs, fenêtres et autres éléments tels que vérandas ou toitures de garage sont mis à contribution pour capter et restituer l’énergie. Les dépenses sont quant à elles minimisées, tant par le comportement raisonné des occupants (éclairage par LED, mise en veille des appareils…), que par d’astucieuses installations domotiques (régulateurs thermiques, détecteurs de présence…). Lorsque la période excédentaire est ponctuelle, on parle d’habitat autonome. Lorsqu’elle est constante, c’est la notion de Bepos qui s’impose.

A. Samaké

* Enquête 60 millions de consommateurs 2011

Source  : www.energiepositive.info

Horizon positif

La généralisation des bâtiments à énergie positive, c’est pour bientôt. Une directive européenne votée en 2010 prévoit en effet la généralisation des habitations Nearly zero energy pour 2020. « La quantité quasi nulle ou très basse d’énergie requise devrait être couverte dans une très large mesure par de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, notamment l’énergie produite à partir de sources renouvelables sur place ou à proximité ». Un article du Grenelle de l’environnement, voté en 2009, va dans le même sens : « Toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2020 présentent, sauf exception, une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions, et notamment le bois énergie. »