La place Thiers

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Dire que la place Thiers divise n’est rien. C’est sans doute l’un des lieux qui provoque le plus de polémiques dans Nancy. Tour (Thiers ! serait-on tenté de dire…) de la place et tour de la question.

Autrefois, s’y étendaient les fossés de la ville et l’étang Saint-Jean. L’extension des faubourgs et l’arrivée du chemin de fer (1850 avec Metz, 1852 avec Paris) changèrent la donne. La place Thiers est ainsi créée en 1859 mais il faut attendre les grandes fêtes d’août 1879 liées à l’inauguration de la statue de Thiers (qui lui donne son nom) pour qu’elle soit vraiment embellie. La place est bordée de nombreux édifices importants. Tour du propriétaire.

L’Excelsior

Fondée par la famille Moreau, brasseurs de Vézelise, la brasserie fut construite en 1910-11 d’après les plans de Weissenburger et Meinville. C’est un temple de l’Art Nouveau (verrières de Grüber, mobilier et lustres de Majorelle) mais aussi de l’Art Déco (salons latéraux, escalier de Jean Prouvé). Menacé de destruction, elle dut son salut à l’action énergique de Nancéiens attachés à leur patrimoine, notamment Françoise Hervé.

Confiserie Lefèvre-Lemoine

Cette maison, fondée en 1840, est la plus ancienne confiserie de Nancy. Elle occupe l’actuel magasin depuis 1928. On y trouve toutes les spécialités de la région mais aussi des créations comme les délicieuses Bergamotta : des truffes à l’essence de bergamotte.

Le Printemps

…ou les Réunis comme l’appellent encore la plupart des vieux Nancéiens. On y trouvait de tout, du clou à la fourrure. Depuis la refonte de l’intérieur, le magasin a beaucoup perdu de sa superbe et n’a plus l’allure des « grands magasins ». Le Printemps et la FNAC y ont élu domicile.
Bombardés en 1916, les bâtiments furent reconstruits en 1926-28 par Pierre Le Bourgeois, également auteur de l’Est Républicain voisin.

La gare

C’était une simple baraque de bois au départ. Un premier hall (le hall Thiers) fut achevé en 1856. L’architecte est Ch.-Fr. Châtelain. C’est l’un des très rares bâtiments de Nancy en pierres jaunes de Jaumont, davantage employées à Metz.
La gare fut agrandie à plusieurs reprises et récemment rénovée.

La « Tour Tiers »

Pour construire cette tour de 28 étages (90 m), la municipalité fit raser un îlot complet en 1970. Plusieurs tours étaient prévues mais devant la mobilisation des Nancéiens, on abandonna le projet d’un Manhattan local. La seule tour construite (trois tours imbriquées en une en réalité) fut inaugurée en 1975. Elle abrite des bureaux et un hôtel. Presque 40 ans après sa construction, elle fait toujours polémique, et beaucoup ne l’aiment pas.
Ses architectes sont Folliasson et Binoux

La statue de Thiers

C’est un serpent de mer : la reverra-t-on un jour ? La statue de Guilbert (3,60 m de haut rehaussé d’un imposant piédestal) représentant le premier président de la IIIe République attend patiemment son retour, reléguée dans un entrepôt municipal.
Fondue par Dagrin et Casse, et inaugurée en très grande pompe par la veuve Thiers en 1879, elle honorait le Libérateur du territoire. Elle fut « déboulonnée » lors de la restructuration de la place au début des années 1970. L’allégorie ornant sa base fut déposée au Musée Lorrain.

Il y a quelques années, la place Thiers a été débarrassée de ses « guitounes », non sans avoir fait couler beaucoup d’encre. Elle attend toujours sa renaissance annoncée, controversée, critiquée. Le consensus est difficile à trouver. C’est la première image de la ville à la sortie de la gare. Ce n’est pas tant la tour que ses abords qui doivent être impérativement repris.

Nous espérons que la « nouvelle » place Thiers retrouvera sa statue, afin de redonner un sens à son nom.