Loin du tumulte

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Comme un refuge où le temps se dilue, la forêt endormie de Simon Hitziger vous engloutit de couleurs percutantes et dans un imaginaire où les végétaux sont des rois mystérieux.

C’est sans doute parce qu’il est allergique au cloisonnement artistique que Simon Hitziger a pris, pourrait-on croire, un virage à 180° dans ses créations. Clairement, ses œuvres installées dans l’enceinte prestigieuse de l’Abbaye des Prémontrés offrent une vision nouvelle de l’artiste diplômé de l’école nationale supérieure d’art et de design de Nancy en 2006 et parti jusqu’à présent dans des aventures plasticiennes ou de réalités augmentées certes félicitées mais plus « ardues ».

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Qu’il s’agisse d’un chantier en devenir (exposition Rubbing Glances à la Galerie Poirel en 2011) ou d’une aventure sur un porte-container dans l’immensité des paysages marins du Bosphore, le travail de Simon Hitziger est de définir à sa manière les émotions et sensations d’un lieu.

Sa nouvelle exposition fera valser vos pupilles et vaciller votre âme dans les méandres et labyrinthes d’une forêt mystérieuse au travers de 39 toiles grand format, 16 dessins à l’encre de chine, 16 sculptures et mobiliers. Pour Simon, il s’agit de la forêt de son enfance, « là où dorment les comètes », à Schlifenthal littéralement « Vallée des endormis » située en Alsace. Pour le spectateur, ce sont nos propres souvenirs de balades en forêt qui se projetteront sur ses huiles.

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« J’ai eu une envie spontanée de me replonger dans cette forêt et de revenir à la nature, loin du tumulte. Dessiner le bruit des graviers sous nos pas, les odeurs de champignons, le brouillard intriguant… Je souhaitais aussi reprendre les pinceaux oubliés depuis 8 ans »

Ainsi, comme un puzzle bariolé, Simon dévoile une colonie de bouleaux cachant un dalmatien, des plantes venimeuses ou toxiques (crocus, berce du Caucase et digitales) s’affichent au premier plan dévorant des huiles saturées en couleur. Elles pourraient être les personnages d’un conte et par clin d’œil l’artiste y a glissé des références cinématographiques (le chalet d’Antéchrist, les jumelles de Shining et Diane Arbus, …).

Dans le décorum de l’abbaye, un cerf comme posé sur une tapisserie kaléidoscopique ou des oiseaux caméléons se marient avec des sculptures de béton d’un noir intense représentant des centaures imaginaires à la façon d’un film de Tim Burton.

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Toute la force de Simon Hitziger, c’est d’avoir su recréer dans la carte blanche offerte par l’Abbaye des Prémontrés et après un an de travail, un univers à la fois plein de suspens, de silence, de fraîcheur et de paix, nous donnant envie d’explorer une vieille forêt. Pour cela, merci ! 

Schlifenthal, jusqu’au 4 décembre, tous les jours de 10h à 18h à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson. Entrée 5€ permettant également de financer la restauration de l’Abbaye.

Publi-reportage • Photos © DR