L’arbre au service de la musique

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La nouvelle exposition du Jardin botanique Jean-Marie Pelt s’intéresse à la musique et notamment à l’art du luthier. À découvrir à partir du 7 février.

Violons, guitares, violoncelles… Tous ces instruments de musique à cordes frottées ou pincées passent dans les mains d’un luthier. Pour les fabriquer, l’artisan utilise des essences de bois, choisies dans les forêts. Ce métier séculaire est aujourd’hui considéré comme un art. La lutherie est aussi ancienne que les instruments à cordes, le métier existant déjà chez les Grecs anciens avec la fabrication de la lyre. Puis, il y a eu le luth issu de l’oud arabe, puis le viole en Espagne et enfin le violon. Au fil des années et des inspirations, les luthiers se sont perfectionnés et ont innové. Un important centre de lutherie à Cremone en Italie a vu naître, dès le XVIe siècle, des luthiers prestigieux comme Stradivari par exemple. En France, Mirecourt est le centre traditionnel de la lutherie et le reste aujourd’hui avec des grands noms comme Jean-Baptiste Vuillaume. L’exposition « Des arbres à la forêt » au Jardin botanique Jean-Marie Pelt, en partenariat avec le musée de lutherie de Mirecourt, révélera quelques secrets de ce métier et présentera les principaux bois utilisés. L’histoire de l’archèterie sera aussi développée, accompagnée d’une sélection de photographies du reportage réalisé par Jean Pierre Leloir en 1961 chez Couesnon à Mirecourt (fabrication de guitares).

Conférences sur le thème du bois

En parallèle à l’exposition, trois conférences sont prévues. La première (le 17 février) sera animée par le luthier Simon Burgun. Installé à Strasbourg depuis 2O13, il est spécialisé dans la fabrication de guitares classiques et de copies de guitares romantiques. Il participe, notamment par son travail de traduction, au Leonardo Guitar Research Project, une étude internationale sur les possibilités d’utilisation des bois locaux en lutherie guitare. Lors de cette conférence, il expliquera que les bois utilisés pour la fabrication des guitares classiques doivent présenter de nombreuses caractéristiques, en termes de dureté, de débit et de capacité à transmettre les ondes sonores. La durabilité de l’exploitation des bois, notamment tropicaux, est une préoccupation récente qui conduit les luthiers à s’intéresser, ou à redécouvrir des essences locales. Cette présentation s’attachera à évoquer l’ensemble des aspects techniques et réglementaires de l’utilisation des bois de lutherie, de l’arbre à l’instrument.

Le 9 mars, Annik Schnitzler, professeur du Laboratoire Interdisciplinaire des Environnements Continentaux (Université de Lorraine) présentera « Histoire de la grande faune vosgienne. Ce que nous avons perdu, ce que nous pourrions retrouver ». Enfin, le 6 avril, Vincent Robin, maître de conférences au Laboratoire Interdisciplinaire des Environnements Continentaux, dévoilera l’origine et l’histoire des forêts.

« Luthier, de la main à main »

L’autre rendez-vous à ne pas manquer est la projection du film documentaire « Luthier, de la main à main » de Jean-Baptiste Buob, le 10 février. Ce film propose une plongée dans l’univers de l’apprentissage de la fabrication d’instruments à cordes au sein de la petite ville vosgienne de Mirecourt, le « berceau » de la lutherie française. Actes de fabrication, situations d’apprentissage, images d’archives, entretiens et échanges entre luthiers viennent éclairer les conceptions actuelles de la transmission et les évolutions les plus saillantes d’une profession qui demeure marquée, malgré elle, par le sceau du secret.

Chargé de recherche au CNRS, formé à la fois au cinéma et à l’anthropologie, Baptiste Buob œuvre, par ses recherches et ses enseignements, à l’intégration des usages de la caméra à la pratique anthropologique. Ses recherches, menées caméra au poing, concernent des sujets variés, notamment la vie monastique, les processus de création dans le domaine des arts vivants, ainsi que les relations d’apprentissage et les procédés de fabrication artisanaux (la dinanderie marocaine et la lutherie française).

Enfin, des animations à destination du jeune public viennent compléter cette programmation autour de l’arbre et de la musique : un jeu de l’oie musique, un atelier « bruicolage » pour bricoler des instruments sonores et la fabrication d’un instrument avec une archetière professionnelle. De quoi initier les plus jeunes à la lutherie et faire naître, qui sait, quelques vocations.

Tarifs de l’exposition : 5 €, 3 € • Renseignements et réservation ateliers : 03 83 41 47 47 ou jardinbotaniquedenancy.eu

Photos © Musée de lutherie de Mirecourt, DR