Derrière les gants

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Anne-Sophie Mathis part en reconquête de son titre mondial de boxe. Rencontre avec une championne. Les mots sont directs comme un uppercut.

Nous nous sommes donnés rendez-vous dans une brasserie à la gare de Nancy. En ce milieu d’après-midi, entre les départs en vacances et les perturbations météos, l’agitation est à son comble. La silhouette élancée de Anne-Sophie Mathis fend la foule. Elle s’avance vers moi, accompagnée de sa nièce Morgane. Sourires. Nous nous installons autour de cafés et d’un chocolat chaud. Pas de round d’observation. Durant une heure, elle nous raconte ses débuts, sa carrière – 21 victoires dont 18 avant la limite et 4 couronnes mondiales -. Derrière l’armure de la championne apparaît une femme de son temps, plus apaisée par le passé.

Anne-Sophie, quelle est votre actualité sportive ?

Après mon retour victorieux il y a quelques jours, je prépare un combat dans le cadre d’un gala de boxe qui devrait être organisé à Nancy prochainement.

Comment êtes-vous venue à la boxe ?

Par un ami. C’était en 1993. J’avais déjà un caractère bien affirmé !
J’ai commencé par découvrir les bases techniques  Mon premier combat amateur s’est déroulé en 1995. Je voulais en finir le plus rapidement possible ! Depuis, j’ai appris à gérer chaque match. C’est l’expérience !

Et tout s’est enchaîné…

Exact. Je suis passée professionnelle. Quand je dis professionnelle, c’est relatif. On ne vit pas de ce sport ou si peu. Je travaille à côté (une collaboration tripartite entre Région, Département et MMH).  En France, nous sommes quinze filles pros. Je ne suis pas Laure Manaudou !

Dans une telle carrière, comment gère t-on le quotidien en restant une femme tout simplement ?

Au début de ma carrière, j’avais du mal entre les entraînements, les compétitions, les sollicitations, et m’occuper de ma fille, Léna (9 ans aujourd’hui). Maintenant, cela va mieux. Mais c’est de l’organisation !

L’entourage est important ?

Essentiel. Des personnes comme Valérie Hénin et René Cordier – son entraîneur de toujours – que je considère comme mon ami, mon grand frère ont été décisives. René m’a évité de tomber dans des pièges… en me tentant volontairement parfois ! J’ai gardé les pieds sur terre grâce à ma mère Christiane notamment.

Quels conseils à un jeune qui voudrait se lancer dans la boxe ?

De travailler dur à l’entraînement, de ne jamais se décourager. De croire en ses rêves et de se faire bien conseiller. J’encourage toujours dans ce sens les jeunes dont je m’occupe.

Une fille boxeuse, c’est encore peu courant.

On n’est pas nombreuse c’est sûr ! On donne trop de clichés de la boxe ce qui repousse beaucoup. Pourtant, c’est avant tout une école de la vie.

Les ambitions d’Anne-Sophie Mathis ?

Je repars de zéro. D’abord battre les meilleurs et reconquérir ma ceinture de championne du monde.

Il y a aussi l’aéroboxe. Qu’est ce que c’est ?

Une forme de boxe ouverte à tous les publics qui explose. Elle est sans contacts, sur le modèle du body fitness, en musique. Les cours se passent à la salle de Dombasle et au Art’ Kiné de Laxou. Les personnes intéressées peuvent me contacter.

Le titre de votre livre (je me bats dans la vie comme sur le  ring aux éditions Anne Carrière) est le résumé de votre vie en fait ?

Tout à fait ! Au début, je n’étais pas trop pour me livrer comme cela. Puis, je me suis prise au jeu et il me correspond bien en effet. Il me raconte en toute franchise.

L’entretien se termine. Anne-Sophie et Morgane se prêtent au jeu de la photo. La championne s’éloigne, portée par ses obligations quotidiennes et des rêves de victoires en tête.