Le docteur des pouls mécaniques

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Pierre Bianchi est un maître horloger aux dons de sorcier. Il redonne vie aux mécanismes les plus grippés et déshabille les montres qu’il crée pour en révéler le fascinant squelette. Avec l’arrivée de son fils Alexandre, joaillier, dans la manufacture, la maison Bianchi repousse les limites du possible, esthétique ou mécanique.

« Rien n’est impossible en horlogerie. Tout est question de compétences et de moyens. La seule chose au monde qu’on ne puisse pas faire… est de ressusciter les morts », déclare avec malice Pierre Bianchi. Pourtant, le maître horloger agit avec ses montres comme Docteur Frankenstein sur sa créature : il les ramène à la vie. D’ailleurs, avec sa blouse blanche et ses gestes mesurés, il ressemblerait presque à un scientifique. Certains de ses clients lui donnent même du « docteur ». Mais au lieu de pouls, Pierre Bianchi écoute le tic-tac de ses patients. « Rien qu’en l’écoutant, je peux savoir si une horloge fonctionne bien ou pas. Une pendule, ça chante ! », ajoute-t-il. Il est un peu équilibriste aussi, passant d’un extrême à l’autre, d’une montre de 11 millimètres de diamètre aux pendules de clocher d’une tonne.

Pierre Bianchi - Crédits Pierre et Alexandre Bianchi Maizières-lès-Metz

La magie du balancier

Et chaque fois, quelle que soit la taille de l’objet à réparer, le rituel est le même : d’abord tout est démonté, les pièces nettoyées, fabriquées et remplacées quand elles sont manquantes ou défectueuses. Puis, vient le temps du « rhabillage ». Tout est remonté jusqu’à la touche finale, le balancier. « C’est le moment le plus magique. Lorsque je le pose et que je le vois osciller, c’est comme un cœur qui palpite », raconte-t-il avec passion. Et dans ce royaume du temps à mouvement automatique, Pierre Bianchi explore les mécanismes comme un explorateur aventurier. « Il existe des milliers de calibres de moteurs. Certains sont beaucoup plus compliqués. Pour les comprendre et les réparer, il faut se mettre dans la peau de celui qui les a conçu », précise-t-il. Mais Pierre Bianchi ne fait pas que restaurer les montres et horloges arrêtées. Il est aussi connu pour avoir créé les montres squelettes. Sur son poignet sa première création, datant de 1973, vient témoigner de savoir-faire.

Squelettes exquis

« J’étais en formation au lycée de Morteau. Étant interne, j’avais beaucoup de temps libre et accès aux ateliers avec d’autres élèves. J’ai commencé à démonter une montre puis en la remontant, à travailler sur cette idée. Au début les professeurs se moquaient un peu de moi puis, quand ils ont vu le balancier bouger, tout a changé », se remémore-t-il. Depuis la montre squelette est devenue la marque de fabrique de la manufacture Bianchi. Avec Alexandre, son fils, ils travaillent à quatre mains pour imaginer de nouvelles petites sœurs à celle de 1973. Chaque montre est réalisée sur-mesure avec là, les initiales du propriétaire, ici, l’évocation d’une passion, les belles voitures ou les cigares… Dans un coin, deux lettres s’unissent et symbolisent la force de cette maison : P pour Pierre et A pour Alexandre. Car à la beauté du balancier en mouvement, la finesse de la ligne de ces montres ajoute une autre magie.

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