Des femmes aux mains d’or

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Avec plus de quatre-vingt-dix artistes exposés par an, le Pôle Bijou de Baccarat est un vrai creuset de créateurs. Il est aussi un incubateur, ouvert aux projets et entreprises naissantes à travers la Taillerie, un espace de plusieurs ateliers d’artisans d’art résidents. Alors que les métiers d’art attirent en France un tiers de femmes, l’espace de création et d’exposition bachâmois explose aussi sur ce point les statistiques et accueille nombre d’entre elles entre ses murs. Adèle Thomas, Marie Flambard et Savannah Dusson, exposantes au Marché de Noël du Pôle, appartiennent à cette jeune génération d’artisanes.

portrait ferb

Adèle Thomas, la Nature comme muse

Au départ, le chemin qu’avait pris Adèle Thomas ne devait pas l’amener à la création de bijoux mais plutôt à l’architecture et ses métiers. Pourtant après un BTS Design d’Espace, un saut en Italie à l’Académie des Beaux Arts d’Aquila, avec une spécialisation en scénographie, elle tombe par hasard dans le chaudron magique de la bijouterie. Façonnant des bijoux en feutre, elle s’intéresse très rapidement à la céramique, par amour du travail de la terre. « J’ai tout de suite eu envie de mêler ces deux matières. Et puis je suis passionnée par la nature. D’ailleurs, je glane des végétaux lors de promenades. Je les stocke dans mon atelier pour ensuite les transformer en bijoux, en les trempant dans de la barbotine de porcelaine », explique-t-elle. Dans sa démarche, se retrouvent celles d’artistes comme Gallé, Daum, Lalique et du mouvement Art Nouveau : s’inspirer de Dame Nature et la magnifier. « Je laisse une grande part à l’élément vivant et au hasard. Je fais beaucoup d’essais ; certaines choses fonctionnent, d’autres pas », confie-t-elle. À la fin, la nature a toujours raison et décide de se montrer comme elle en a décidé. • adeleboutik.blogspot.fr

fev. 2015 (26)

marie flambard chalumeau - crédit photo One Muze

Marie Flambard révèle la beauté cachée des laids, sans délai

Marie Flambard avait soif de création. Un temps enseignante, après un parcours universitaire en Arts Plastiques, elle revient vite à un espace de liberté où son imagination peut s’exercer sans restriction. Il lui fallait encore trouver son médium. Cuir, bois, elle a fait le tour des matières avant d’avoir une révélation avec le verre au CERFAV de Vannes-le-Châtel. À la suite  d’un Diplôme de Compagnon Verrier européen, elle enchaîne avec une formation Concepteur-Créateur achevée en 2015. « Je suis une véritable amoureuse du verre. Je peux le travailler selon différentes techniques et il m’offre de nombreuses possibilités artistiquement. Il me permet aussi de dépasser ce que j’ai imaginé », note la plasticienne verrière. Depuis peu, elle a installé son atelier à la Taillerie du Pôle Bijou de Baccarat où elle a initié une collaboration pleine de promesses avec Sébastien Millot sur la collection Mold Spores. « Elle s’inspire du microscopique, pas seulement des moisissures mais de tout ce qui fait peur ou dégoûte. Vues du microscope, toutes ces choses changent d’aspect. Je m’intéresse beaucoup à la nature mais j’aime particulièrement sublimer ce qui est considéré comme laid. Cette série est donc amenée à s’agrandir… », confie-t-elle. Marie Flambard allie un savoir-faire traditionnel à un usage de procédés plus modernes telle la découpe laser ou l’impression 3D, comme pour son collier Plumes emblématique. À Baccarat, elle exposera aussi une collection spéciale « Renaissance ».  marieflambard.wix.com/mfla

marie flambard- mold spores transmission gros plan2

Savannah Dusson dans son atelier

Savannah Dusson plie l’art à ses désirs

Comme Adèle Thomas, Savannah Dusson est venue au bijou par le design d’espace. En tout cas, telle était à l’origine son idée d’orientation. Mais avant de se lancer dans cette voie, elle bifurque vers celle du Diplôme des Métiers d’Art. Elle y trouve rapidement son style : « En deuxième année, il nous fallait aborder un thème précis. J’ai travaillé sur les « Confidences » et façonné un bijou qui se repliait sur lui-même, tour à tour collier ou broche. J’ai plié du papier selon les techniques de l’origami et ajouté des parties métalliques. Depuis je ne me suis plus arrêtée », raconte-t-elle. Pour cette réalisation, elle obtient le 3ème prix national du concours Avenir Métiers d’Art. Elle troque par la suite le papier pour du tissu. Ses choix de matières découlent aussi de sa propre perception du bijou : « il est le prolongement du vêtement. Je fais ainsi très attention à la manière dont il sera porté ». Au final, le textile lui dicte tout. « Je n’avais aucune notion au début sauf celles de broderie et de couture main. J’apprends sans cesse. Je choisis plutôt des matières naturelles comme le coton ou la soie ; elles supportent mieux la chaleur du pliage. Je pars souvent d’un motif et le reste de la collection en découle ». Pour le marché de Noël du Pôle Bijou de Baccarat, elle présentera notamment ses créations en origami perlé, élaborées en collaboration avec une brodeuse de perle de Lunéville.   savannahdusson.com

Savannah Dusson - Origami 2