Construction : la maison passive s’active

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Grâce à une conception intelligente de l’isolation, de l’énergie et de la ventilation, la maison passive est un concept écologique et économique qui connaît une forte croissance.

Imaginez une maison parfaitement isolée, comme recouverte d’un manteau toute l’année. En hiver, l’ensoleillement et la chaleur rejetée par les habitants suffisent à chauffer l’intérieur. En été, l’isolation protège de la chaleur. C’est l’idée de la maison passive. Pourquoi passive ? Parce qu’elle présente une forte inertie et autogénère son énergie.

Une norme exigeante

Le concept trouve son origine dans le mouvement des Baukünstler, les « artistes de la construction », en Autriche dans les années 1960. Dans les années 1990, les expériences menées en Allemagne aboutissent à la création du label PassivHaus : la consommation doit être inférieure à 15 kWh par mètre carré et par an pour le chauffage et à 50 kWh par mètre carré et par an pour la consommation totale d’énergie primaire. En comparaison, les logements classiques en France nécessitent en moyenne 130 kWh. Le label inclut aussi un test d’étanchéité à l’air, preuve d’une isolation parfaite.

Les principes techniques

L’isolation est le principe de base. Une attention particulière doit être portée à la suppression du passage de la chaleur par des points particuliers appelés « ponts thermiques » : ceux qui favorisent les pertes, souvent à la jonction de deux parois. Pour les portes et fenêtres, le recours au triple vitrage est souvent nécessaire. Le second point important concerne la ventilation et l’étanchéité. Pour supprimer les pertes de chaleur, on doit éviter tout passage d’air grâce à une ventilation contrôlée. La maison passive est le plus souvent équipée d’une ventilation dite à double flux (les flux entrant et sortant passent par le système de ventilation) avec échangeur de chaleur. Ce système doit récupérer plus de 75 % de la chaleur de l’air sortant pour la communiquer à l’air entrant.
Avantages et impacts

Ce type de construction présente bien des avantages : économies de chauffage, meilleur confort thermique et excellente qualité de l’air. Chauffer moins entraîne aussi une baisse de la pollution due aux énergies fossiles. Enfin, le concept bouleverse la manière de construire et enclenche des démarches écoresponsables. On peut citer la Maison Kokoon, un modèle de maison passive à ossature, bardage et menuiserie bois. Cette filiale du constructeur vosgien Gico a été distinguée pour ses habitations à moins de 100 000 €, esthétiques, écologiques et faciles à mettre en œuvre. Elle a reçu le 17 mars dernier le label CQFD (Coût, Qualité, Fiabilité, Délais) décerné par le ministère de l’Écologie, de l’énergie et du développement durable.

La maison du futur ?

Bioclimatique et intégrant un maximum de ressources naturelles, la maison Kokoon peut capter le rayonnement solaire, stocker l’énergie, distribuer la chaleur et assurer la régulation. Elle est équipée d’une ventilation à double flux qui récupère la chaleur de l’air émis par la respiration des occupants pour réchauffer l’air entrant à moindre coût. L’isolation est réalisée à partir de fibres de bois et de laine de chanvre. De forme cubique, Kokoon se distingue par son volume compact qui permet d’éviter les déperditions de chaleur en offrant un maximum d’espace habitable et un minimum de parois. Kokoon est la preuve que ce type de construction relève les défis contemporains : une meilleure intégration de la consommation d’énergie, des recherches technologiques abouties et une esthétique novatrice.