Un sanglier en ville : la place Saint-Epvre

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Un sanglier ! Cela peut surprendre, c’est pourtant ce que signifie Aper (Epvre) en latin. Cette place très animée est l’une des plus fréquentées de la Ville vieille. Ses cafés, ses arcades, sa célèbre basilique, son gâteau, René II… tous les ingrédients sont réunis pour une recette gagnante.

Une place qui a souvent déménagé

Avec la reconstruction de l’église Saint-Epvre (c’est la plus vieille paroisse de Nancy – 1080) à partir de 1864, c’est tout le tissu urbain de cette place qui est chamboulé. En effet, la future basilique est bien plus grande que l’ancienne église du Moyen-âge, érigée de 1436 à 1451, et dont le clocher-porche faisait office de tour de garde (notamment pour les incendies). La place est alors nivelée, la majeure partie de ses maisons reconstruites (sauf les nos 7 et 14 qui témoignent encore de l’ancien visage de la place), la fontaine déplacée et réinstallée dans l’axe de l’hémicycle de la Carrière.
Cette nouvelle église, due à Prosper Morey, est l’un des plus beaux édifices néo-gothiques de France… à tel point que Viollet-le-Duc la considérait lui-même comme la plus belle. Mgr Trouillet, curé de la paroisse alors, avait su attirer de nombreux dons privés pour la financer, ce qui explique les multiples noms et blasons visibles notamment sur les vitraux, en souvenir des donateurs (comme Napoléon III et Eugénie, ou François-Joseph et Elisabeth « Sissi » d’Autriche). Mgr Trouillet, qui est enterré dans l’église, en hérita le surnom de « mendiant des rois et roi des mendiants ».
Les saints représentés sont généralement les saints patrons des donateurs. Ainsi, quelques saints sont répétés, car certains prénoms étaient à la mode… La basilique est classée monument historique depuis 1999. La tempête et les effets de la pollution ont rendu nécessaires d’importants travaux de restauration (extérieurs actuellement, puis intérieurs d’ici quelques années).

Le premier rond-point de Nancy

Lorsque l’on regarde la place vue du ciel, on est frappé par sa forme circulaire. Les voitures s’enroulent quotidiennement autour de la fontaine qui célèbre René II, duc de Lorraine et vainqueur de Charles le Téméraire en 1477. Célébrer le vainqueur des Bourguignons ? C’est aussi célébrer celui qui créa la place en 1495.
La place accueillit très vite un marché et une « grande fontaine » en son centre, surmontée d’une statue. Elle représentait au départ Saint-Georges, mais elle laissa vite la place à une effigie équestre du duc. La statue fut abattue sous la Révolution, et remplacée par une nouvelle en 1828. En 1883, du fait de la construction de la nouvelle église, la fontaine fut déplacée et remplacée par un nouveau monument dû à Matthias Schiff (statue) et Cuny (piédestal). L’ancienne fontaine fut transférée au Musée Lorrain tout proche, où l’on peut toujours l’admirer au pied de la Tour de l’Horloge.

Mais qui est Saint Epvre ?

Tout Nancéien connaît le nom de Saint Epvre, mais du personnage, que sait-on ? Saint-Epvre (ou Evre) fut le septième évêque de Toul et vécut au tournant du Ve et du VIes. Juriste de formation, il fit beaucoup de bien autour de lui, et vécut simplement. Il parcourut son diocèse pour répandre la foi catholique. Il initia les travaux de l’église Saint-Maurice de Toul, où il est enterré. Plusieurs miracles eurent lieu après sa mort. Son chef est conservé dans la basilique à Nancy. C’est un saint très honoré en Lorraine, plusieurs églises portent son nom. On le fête le 15 septembre. Il est représenté sur le portail et un vitrail de la basilique.