Manhattan féerie

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Du 19 au 31 décembre, l’Opéra-Théâtre Metz Métropole fait revivre les personnages du conte de Charles Perrault « Cendrillon ». Sur une musique de Prokofiev, la douce princesse en haillons renaît de ses cendres, emmenée par la chorégraphe Laurence Bolsigner-May. Pour Noël, les danseurs du ballet de Metz saupoudrent vos soirées d’un ballet enchanteur.

Créé en 1945 au Théâtre du Bolchoi, le « Cendrillon » de Prokofiev a laissé sa marque envoûtante dans l’histoire de la danse contemporaine. En 1986, il atterrit pour la première fois à l’Opéra de Paris sur les chaussons d’or de Rudolf Noureev. Ce dernier emmène la belle et triste Cendrillon dans les États-Unis des années 1930 et transforme son rêve d’amour en saga hollywoodienne. « L’époque est celle […] d’un moment de la vie de Prokoviev, où rentré dans son pays, l’URSS, il éprouvait pour l’Occident une sourde nostalgie. Cendrillon n’est pas très russe. C’est même ce qu’il a fait de plus occidental. Non seulement la musique dicte le ton, mais les danses sont décalées par rapport au contexte », expliquait alors le chorégraphe. Ce décalage, temporel celui-ci, il se retrouve dans la mise en scène de l’Opéra-Théâtre de Metz. Cette fois-ci, le conte prend de la hauteur et se déroule au cinquième étage d’un building de Manhattan, à notre époque.

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Une Cendrillon plus moderne

« Je ne voulais une Cendrillon ni pauvre, ni aisée. Elle vit donc dans une famille recomposée actuelle avec deux demi-sœurs, une belle-mère et son père. Comme je suis d’un parcours de danse classique, nous avons décidé de travailler sur les décors avec Benoît Dugardyn et sur la mise en scène pour apporter une touche de modernité », remarque la chorégraphe Laurence Bolsigner-May. L’histoire reste la même que dans le conte de Perrault, à quelques détails près. Le Prince a échangé son luxueux château contre le penthouse de l’immeuble de sa future amoureuse. La citrouille a perdu ses rondeurs au profit d’un ascenseur magique, qui s’arrête à minuit. Cependant la marâtre conserve son tempérament diabolique. « Elle est très raffinée mais extrêmement méchante. Pour ce rôle, il me fallait une danseuse qui soit une actrice née. Je connais très bien mes danseurs, leur caractère, leurs facilités de danse et il m’est apparu qu’Aurélie Barré serait parfaite dans la peau de la belle-mère », note la chorégraphe. Dans les chaussons de verre, Kim-Maï Do Danh incarne la gracieuse Cendrillon éprise d’un charmant Rémy Isenmann.

La plus belle pour aller danser

Le moment que tous les cœurs d’artichaut attendent arrive… Le bal organisé par le Prince. Dans un décor épuré, les costumes offrent quelques joyeuses extravagances. « Dieu sait que j’adore les tutus mais là le contexte ne le permettait pas. Par contre, Brice Lourenço et Valérian Antoine ont imaginé de  grandes robes brillantes, comme dans un conte de fées », s’enthousiasme Laurence May. Avec une vingtaine de danseurs sur scène, la chorégraphie de ces festivités s’est jouée au millimètre près : « j’ai commencé par travailler les ensembles en premier. Il faut pouvoir les placer, que ce soit ludique avec autant de monde sur scène. Après cela, les solos sont plus faciles à créer », ajoute-t-elle. La magie de Cendrillon opère toujours. Qu’elle soit dans un coin oublié d’un château ou dans la tour d’un immeuble moderne, elle réussit toujours à nous émerveiller. Quant à savoir si à la fin du ballet, le Prince et Cendrillon trouvent chaussure à leur pied… Il faut aller les voir pour en être certain.

« Cendrillon » de Prokofiev les 19, 20, 21, 26 et 31 décembre à l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole. Plus d’infos sur : www.opera.metzmetropole.fr