La Manufacture bouscule nos certitudes

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Plutôt Vomir Que Faillir © Marikel Lahana

Entre spectacle coup de poing sur l’adolescence et pièce questionnant l’ordre établi, la programmation de la Manufacture remet en cause, pour la bonne cause, certains de nos fondamentaux.

Les mots de l’adolescence

Voici deux ans, Rébecca Chaillon, artiste associée au Théâtre de la Manufacture, créait Carte noire nommée désir, spectacle baladé, depuis, dans l’Europe entière, non sans provoquer émotions et discussions. En cette rentrée placée sous le signe de l’impertinence, de la bousculade des esprits et des cœurs, elle nous présente Plutôt vomir que faillir. Elle y décrypte par le menu et sans pincettes, le plat parfois indigeste, souvent trop copieux, de l’adolescence. En opposant la solide verticalité d’un doigt d’honneur à toute forme de stigmatisation – de génération, de corps, de classe, de genre, de race, de religion ou de sexualité –, cette pièce nous interpelle. En auscultant l’adolescence, Rébecca Chaillon dessine ici un récit universel. Celui de jeunes gens en quête d’identité, à qui l’on oppose, à peine sortis de l’enfance, un devoir de responsabilité, d’émancipation de la famille, d’assimilation (forcée) au groupe social. Par-ci, par-là, se glissent aussi des bribes de sa propre expérience. « Du collège, je garde le souvenir amer de n’avoir rien compris à ce qui m’arrivait. C’est une période où j’aurais eu envie qu’on mette des mots sur mes émotions », explique Rébecca Chaillon. Apprendre, se conformer, être poli.e, être à l’heure, mais aussi être un « garçon » ou une « fille »… un flux d’injonctions qui peut mener à l’indigestion. Avec Plutôt vomir que faillir, l’âge « ingrat » passe à la moulinette. Dans une esthétique exubérante et sans tabous, les tranches de vies – réelles – qui servent de base au spectacle viennent mettre des mots sur des questionnements fondamentaux. Adolescents, parents d’ados en recherche de clés pour comprendre, personnes de tout bord et de tout horizon, découvrez ce projet hors norme à la fois culotté, émouvant et drôle ! Une fantaisie excentrique qui transforme des histoires personnelles en expériences jubilatoires ; un spectacle qui parle les yeux dans les yeux aux adolescents et à ceux qui l’ont été.

Plutôt Vomir Que Faillir © Marikel Lahana

Plutôt vomir que faillir
Du 8 au 11 novembre, Théâtre de la Manufacture (grande salle)

Diva Syndicat © Isabelle Fournier

Zoom sur… Diva Syndicat
Présenté dans le cadre de la programmation jeune public du NJP, Diva Syndicat a été élaboré par Noémie Lamour et Gentiane Pierre dans l’idée de redonner toute sa place à la femme artiste. En balayant mille ans d’histoire musicale au féminin, elles se donnent pour mission de réveiller le matriarcat musical et de remettre à l’honneur les compositrices effacées de l’histoire. Entre musiques médiévale, classique et baroque, de Hildegarde de Bingen à Aya Nakamura en passant par les standards de jazz, ce spectacle hybride se joue des stéréotypes trop souvent accolés à la femme dans l’industrie musicale. Adressé en priorité aux enfants dès 7 ans dans le cadre de la programmation « En famille » du Théâtre, ce spectacle est évidemment tout public !
Du 19 au 21 octobre, Théâtre de la Manufacture (La Fabrique)

Se laisser aller à l’étrange

Là personne © Andreas Eggler

Imaginez un peu : vous venez d’emménager dans une maison construite à votre image, et voilà que de l’autre côté de la fenêtre, quelqu’un est là, assis sur une chaise en plastique. Immobile, cette personne vous observe, provoquant chez vous un sentiment d’étrangeté, d’agression. Jour après jour, la scène se répète. Ne réagiriez-vous pas ? Quelque chose de bizarre bouscule votre routine, et vous ne chercheriez pas le pourquoi du comment, le moyen de remettre sa vie sur les rails ? Dans Là personne, le personnage, confronté au mystérieux, à l’inattendu, choisit de ne pas se laisser aller au trouble, à la peur. Il accepte le doute, cultive cet inconnu qui l’interroge et le happe, et qui nourrit le fantasme. Plutôt que de chercher à résoudre ce mystère, il se laisse absorber par lui jusqu’à lui faire toute la place, jusqu’à s’inventer une autre réalité. À l’écriture, au jeu et à la mise en scène de cette pièce haletante, un artiste charismatique : Geoffrey Rouge-Carrassat (à qui l’on doit le triptyque Conseil de classe, Roi du silence, Dépôt de Bilan, joué lors du festival Micropolis en 2021). Peut-on être heureux et libre en oscillant sans cesse entre nos incertitudes et nos contradictions ? Vous avez 4 heures (Geoffrey Rouge-Carrassat, lui, s’en est donné une).

Du 14 au 18 novembre, Théâtre de la Manufacture (La Fabrique)

En marge du spectacle
Les 28 et 29 octobre, Geoffrey Rouge-Carrassat animera un atelier de jeu, dont il invitera les participants à travailler sur la thématique suivante : « comment créer du suspense au théâtre ».
Le 2 novembre, Là personne fera l’objet d’une répétition ouverte à 19h. Durant une heure, vous assisterez au travail à l’œuvre ; la séance se conclura par un échange informel avec l’équipe artistique.
Dernier rendez-vous en lien avec Là personne : le « samedi de la pensée » du 18 novembre, durant lequel Guillaume Cayet conviera artiste et chercheurs pour questionner, ensemble, les thématiques soulevées par le spectacle.

Théâtre de la Manufacture • 10 rue Baron Louis à Nancy • Tél. 03 83 37 42 42• Programmation et billetterie sur theatre-manufacture.fr
PUBLIREPORTAGE - Photos © Isabelle Fournier, MarikelLahana, Andreas Eggler, DR