Le tour du monde de Noël

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De bons plats sur la table et toute une famille réunie, pour le pire et le meilleur… Ainsi imaginons-nous souvent Noël en France. Pourtant, sous d’autres hémisphères, dans d’autres pays, Noël n’a pas le même visage. Trois Nancéiens originaires de l’étranger nous font découvrir les autres nuances de la fête dans le monde.

Australie : « Noël à la plage »

Pour les yeux d’une belle Lorraine, Neil Powell a quitté son Australie natale fin 2007. Et passer de la chaleur estivale australienne aux hivers glaçants de nos contrées n’a pas été évident. « Habituellement, il fait 30 à 40 ° Celsius. Le jour de Noël, nous allons à la plage juste après le repas,  en famille ou avec les amis.  Sinon, nous célébrons ce jour comme en Europe ». À Nancy, ses premières fêtes de fin d’année ont eu une saveur particulière : « Ma fille est née en novembre 2008, sept semaines avant le terme, et a dû rester un bout de temps à l’hôpital. Le soir du réveillon, juste après sa sortie, le cousin de mon épouse a fermé spécialement son restaurant pour nous. Nous avons passé une merveilleuse soirée tous ensemble ». Des instants avec les siens qui, d’un côté comme de l’autre de l’Équateur, transmettent toute leur chaleur… Là encore, à quelques différences près : en Australie, les enfants ne déballent les cadeaux que le jour de Noël. Les petits français sont des veinards.

Neil Powell, rencontré le 8 décembre à 18h sur la place Stanislas (2)

Russie : « Le pays de Snegouratchka »

Svetlana Maire est arrivée en France il y a dix-huit ans. Pour cette Franco-russe, venue de Sibérie, Noël est un lointain souvenir : « En Russie, depuis la Révolution de 1917, Noël n’a pas vraiment été interdit mais plutôt ringardisé. Sous Staline, au début, même le Nouvel An n’était pas célébré. Et puis, quelques années plus tard, il a réintroduit le Père Noël et un personnage des traditions païennes, Snegouratchka la « fille des neiges ». De nos jours, ça n’est pas un jour férié et on ne retrouve pas l’aspect festif et familial français ». Ses premières fêtes en France, elle les passe dans les Vosges, invitée par des amis : « J’ai retrouvé une lettre écrite à ma mère à l’époque dans laquelle j’ai tout détaillé. En Russie, un invité trouve à son arrivée une table déjà dressée couverte de plats. En France, on prend déjà l’apéritif. Et puis il y a la bûche… ». À travers l’association « Est-Ouest Contacts », Svetlana continue à tisser des liens forts entre les deux cultures et les fait se rencontrer. Elle fait notamment saliver avec des plats typiques comme la salade Olivier ou les harengs sous le manteau…

Cuba : « Une tradition perdue »

« Je me souviens parfaitement du dernier Noël. J’avais 8 ans et mon père venait de recevoir ses papiers pour partir aux USA l’année suivante. L’ambiance s’en ressentait », raconte Julio Lopez, Cubain et Nancéien d’adoption depuis 2001. Comme en Russie, Noël n’a pas été interdit officiellement, seulement mis au placard après 1967. « Jusqu’à cette date, l’état cubain garantissait une fourniture spéciale pour les repas de fêtes : 250 gr de noix et noisettes, une bouteille de cidre par famille, 12 raisins par personne à prendre à chaque coup de minuit, 120 gr de turron et un poulet », note-t-il. Mais en 1968, Fidel Castro lance une grande campagne pour augmenter la production de canne à sucre et atteindre les 10 millions de tonnes en 1970. Les Cubains mettent donc de côté Noël et se mettent au travail. « En France, j’ai découvert le culte de la table. Vous pouvez y passer des heures. Au début, j’ai eu du mal à rester si longtemps assis, d’autant qu’à Cuba la politesse veut que vous ne parliez pas à table et pas en France. C’est un exercice difficile », raconte-t-il avec humour.