Jean-Paul de Vries, collectionneur de mémoire

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C’est au fil de simples promenades qu’il a récolté ses premiers objets sur les anciens champs de bataille. Originaire de Hollande et passionné d’histoire, Jean-Paul de Vries s’est pris au jeu et a accumulé plus de 60 000 objets, casques, gamelles, armes : il a ainsi pu restituer le quotidien des soldats, visible dans son Musée informel de Romagne-sous-Montfaucon.

Tout petit, en vacances dans la Meuse avec ses parents, Jean-Paul de Vries a attrapé ce qu’il appelle aujourd’hui en riant « sa maladie ». Bientôt 40 ans que ça dure et aucune envie de soigner ce que certains appellent sa collectionnite aigüe. Tout a commencé avec quelques objets ramassés dans les champs labourés bien des années après la fin du conflit. « A 10 ans, j’avais déjà une collection de quelques pièces dans ma chambre et déjà l’envie de partager mes trouvailles. Depuis je ne me suis jamais arrêté et j’ai même ouvert un musée. » Son terrain de chasse : Romagne-sous-Montfaucon, petit village à 40km de Verdun qui servit de base arrière pendant quatre ans à l’armée allemande puis aux soldats américains.

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Témoins silencieux

« Un siècle a passé et on dirait que le village et ses alentours ne veulent rien savoir de la guerre, explique Jean-Paul, chaque jour la terre recrache des objets du conflit, des armes, des bombes, des casques. Ce que je préfère, moi, ce sont les objets de la vie de tous les jours ». Peignes, gamelles, couverts, brosses à dents, montres, gourdes sont pour Jean-Paul des « témoins silencieux  qui parlent le mieux de ces hommes qui ont un jour quitté leur famille et leur maison pour se battre pour la patrie. Les soldats passaient plus de temps dans les cantonnements que sur le front. La vie continuait et l’on trouve pas mal de choses fabriquées par les soldats pour s’occuper. Quelques jolies pièces mais aussi des objets plus insignifiants comme des bouteilles. Donnez-moi une heure et un sac à dos et je le remplis ! ». Chaque objet passé entre les mains de Jean-Paul se retrouve tel quel dans son musée « pas question de nettoyer pour faire joli, la guerre ce n’est pas brillant, c’est la boue, la vase, c’est moche ».   Pas question non plus de vendre quoi que ce soit « je garde tout ce que je trouve et ce qui est vendu au musée vient de brocantes. Je suis attaché à ces objets sauf quand ils sont gravés avec un nom. Dans ce cas, je fais tout pour retrouver la famille du soldat. Récemment j’ai trouvé la plaque d’un chariot que j’ai pu restituer à la famille, c’était très émouvant. » Jean-Paul regrette que ce ne soit pas toujours le cas « avec les célébrations du centenaire, on a vu arriver des gens avec des détecteurs de métaux et c’est devenu un énorme commerce.  Ces objets qui devraient être respectés et montrés au monde, pas bradés. On ne peut pas faire de recherches archéologiques sans l’autorisation du propriétaire du terrain  et de la DRAC, mais là cela devient n’importe quoi. »

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Musée à ciel ouvert

Si aujourd’hui Jean-Paul part moins souvent dans les champs avec ses bottes en caoutchouc et son sac à dos, il ne peut se passer de ces moments de découvertes « c’est comme une drogue, quand je trouve un objets mes yeux brillent ! ».  Pour partager son expérience, le collectionneur entraîne des visiteurs dans des promenades à 500 mètres maximum du village. Trois heures de marche dans les bois et les anciens champs de bataille guidés par ce chercheur professionnel. Jean-Paul propose aussi des circuits personnalisés, pour mettre vos pas dans celui d’un membre de votre famille passé par a Meuse pendant la Première Guerre Mondiale. Si vous disposez de données détaillées (nom, division, régiment, endroit, période) il est possible, à l’aide d’anciennes cartes et de chroniques de régiments, de trouver des traces de ces régiments dans les bois et les champs.  Pensez toutefois  réserver très à l’avance, Jean-Paul de Vries n’a pas attendu l’effet centenaire pour transmettre son virus à de nombreux passionnés.

Romagne 14-18
2, rue de l’Andon
55110 Romagne-sous-Montfaucon
Ouvert le lundi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de midi à 18h. Fermé le mardi et mercredi.
Plus d’infos sur www.romagne14-18.com