Denis Schaming en mode Renaissance

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Denis Schaming est le nouveau « patron » de la Mission Renaissance. Il nous a reçu en toute sympathie et sans langue de bois.

Vous avez pris récemment la tête de la Mission Renaissance à la suite de Michel Maigret après avoir dirigé pendant plusieurs années la culture au Conseil général de Moselle. Pensez-vous que le patrimoine Renaissance est méconnu en Lorraine ?

« Effectivement, je pense qu’en dehors de la Meuse, qui est à mettre à l’écart de cette observation, notamment la ville haute de Bar-le-Duc où il y a une réelle prégnance de l’architecture Renaissance, ce n’est pas ce qui ressort d’emblée. Nancy est surtout connue pour son patrimoine XVIIIe et Ecole de Nancy. On a du mal à repérer les traces Renaissance en dehors du Palais ducal qui ne l’est que partiellement du reste. On ne voit pas bien ce patrimoine dans la ville. Une vertu de ce type de manifestation [l’année Renaissance, ndlr], c’est de braquer les projecteurs sur ce patrimoine. Les images de synthèse et la maquette présentées au Palais du Gouvernement le révèlent. Ils sont également ce qui va rester après l’exposition.
Ce qui va rester, c’est aussi une signalétique en partenariat avec Pont-à-Mousson S.A. par le biais de plaques de fonte ainsi qu’une signalétique adaptée sur les monuments, à l’instar de ce qui a été fait pour le patrimoine Ecole de Nancy ou XVIIIe s. Et puis, ces manifestations ont permis la restauration et la mise en valeur nocturne des portes de la Craffe et Saint-Georges, ainsi que la chapelle ronde des Cordeliers ».

Si la Renaissance est un âge d’or pour la Lorraine, notamment la Lorraine ducale, elle précède aussi des temps très durs : guerres, épidémies, annexions (françaises), destructions. Est-ce une explication à sa méconnaissance actuelle ?

« La ville Renaissance est un peu effacée, même à la vue du piéton. Il faut de l’imagination pour se réinventer les fortifications. L’urbanisme de Stanislas a beaucoup effacé les traces du passé. A Metz, les différentes strates historiques sont davantage visibles : Saint-Pierre-aux-Nonnains pour la période gallo-romaine, la porte des Allemands pour les fortifications même si la création des rings sous la première occupation les ont partiellement détruits, la ville XVIIIe, les quartiers wilhemiens, improprement appelés quartiers impériaux, les quartiers des années 20 et 30.
A Nancy, ce sont surtout les patrimoines XVIIIe, Art nouveau et la Vieille-Ville qui dominent. Le souvenir de la Renaissance est effacé. L’année Renaissance est l’occasion de remettre en vigueur cet héritage oublié. En Meuse, ce patrimoine apparait de façon plus éclatante ».

Dès le départ, la Mission Renaissance a eu la volonté d’associer tout le monde, des musées aux associations en passant par les particuliers avec l’opération « Ramène ta fraise »

« La culture n’a de sens qui si elle intéresse toute la population. Il faut un niveau scientifique très élevé, d’où la constitution d’un comité scientifique autour de Claudie Haigneré, mais pas seulement, sinon nos manifestations n’auraient qu’un intérêt scientifique.
La culture doit être pour tous. Plus de 5 millions ont été investis, en grande partie grâce au mécénat et aux subventions. Il faut remercier la Ville de Nancy et la CUGN d’investir en ce moment car ce n’est pas évident. Souvent la culture n’apparait pas comme prioritaire.
Les résultats sont là : La ville révélée attire : les trois prochains mois sont déjà remplis en ce qui concerne les visites des scolaires et des groupes.
Les manifestations sont faites pour tous et sont accessibles au maximum [La ville révélée est gratuite – nombreux accès handicapés, ndlr]. Il y en a pour tous les goûts, de l’expression contemporaine au cortège historique sans oublier le grand spectacle d’ouverture le 4 mai prochain.
En 2013, il y a quatre endroits qui bougent en France : Marseille comme capitale européenne de la culture, Lens avec le Louvre-Lens, la Normandie avec l’impressionnisme, et Nancy ! »

Le but de Denis Schaming ? Vous faire découvrir et aimer une nouvelle facette de l’histoire et du patrimoine lorrains. C’est bien parti !