Tendances cuisine

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Entre meubles de rangement épurés et plan de travail marbré pour dynamiser l’ensemble, la cuisine de 2018 joue sur les contrastes. Rencontre avec une experte.

Entre douceur, élégance et petites touches punchy, la cuisine est aujourd’hui aussi fonctionnelle qu’esthétique. Morgane Pluchon, designer produit, nous en dit plus sur les tendances de cette année en la matière.

L’îlot central a-t-il évolué ?

Oui. Auparavant, ces îlots étaient assez carrés et compacts, tandis qu’ils s’affinent et s’allongent désormais pour ressembler davantage à de longues tablées intégrant toujours autant de rangements et plaçant la fonction de table haute avec des assises en bout. L’objectif est d’obtenir quelque chose de plus travaillé et de moins massif.

On constate aussi un retour à la cuisine murale, sans îlot central, avec des meubles hauts permettant un grand stockage et dont l’ensemble intégré sait faire oublier sa profondeur pour donner une impression épurée. On choisit alors de montrer seulement quelques détails, comme une partie vaisselier par exemple, pour une ambiance semi-cachée.

Quels sont les matériaux en vogue pour les plans de travail ?

Il y a un gros retour à la pierre, au minéral. On décline cette tendance pour tous les budgets avec, en entrée de gamme, du stratifié imitant le marbre noir ou blanc, puis, pour un tarif un peu plus élevé, de la résine ayant un effet granité, ou carrément du quartz pour le haut de gamme.

Le plan de travail est souvent le point d’entrée pour choisir une cuisine, c’est ce qui va la signer. Les consommateurs cherchent donc des matériaux nobles, qui rehaussent l’ensemble. Or, si le marbre pouvait avoir un côté vieillot, il se marie aujourd’hui très bien avec des meubles aux couleurs et matières contemporaines et leur donne un coup de boost.

Qu’en est-il de l’aspect général de la cuisine en 2018 ?

On sort de la dominante de noir et on se tourne vers un bleu intense associé à des couleurs claires pour une ambiance réchauffée. Au lieu du classique carrelage gris et froid au sol, on propose par exemple un carrelage imitant le parquet à chevron qui apporte de la chaleur à la cuisine.

On a se lâche également davantage sur la couleur. Le rouge trop franc fonctionne moins et laisse la place à du marron, du bordeaux foncé ou du terracotta. Même la grande tendance des cuisines scandinaves, beaucoup plus pâles et épurées, apporte de la chaleur par petites touches.

Y a-t-il des nouveautés du côté des accessoires ?

On voit se développer une grande variété de finitions tant dans les poignées de portes et de tiroirs, que dans la robinetterie et l’évier. On sort de l’inox brossé froid et on vient signer une porte, même très simple, avec une poignée qui joue un rôle décoratif en noir mat ou avec le retour des boutons.

De même, on décline la robinetterie en doré, en rosé ou en anthracite, tandis que l’évier peut carrément être noir ou blanc pour participer à l’esthétisme global de la cuisine ou se fondre complètement dans le plan de travail. On tend, dans tous les cas, vers quelque chose de plus pointilleux sur les finitions et les détails.

Les gadgets high-tech sont-ils toujours présents ?

Il y a encore cet effet sous-jacent de la cuisine de chef, bien équipée et performante. Mais on n’a plus forcément envie de la montrer de prime abord. Les cuisines sont moins dans le « show off » exhibant l’électroménager dernier cri. On cherche plutôt des astuces pour pouvoir tout ranger en deux minutes afin que ses invités n’aient pas l’impression d’être au milieu de notre tambouille. C’est pour ça que les îlots intégrant une plaque de cuisson proposent aussi une hotte escamotable qui disparaît dans le plan de travail lorsqu’elle ne sert pas. Propos recueillis par Zoé Pozini

Photos © Sachsenkuechen, Lapeyre, Cuisinella, DR