Performance énergétique, les dessous du diagnostic

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Devenu incontournable pour l’achat ou la vente d’un bien immobilier, le DPE n’en est pas pour autant moins nébuleux. Quelles qualifications faut-il pour le réaliser ? Combien ça coûte ? Qu’est-ce qui est vérifié ? Mode d’emploi d’un diagnostic en pleine évolution.

Le diagnostic de performance énergétique – ou DPE – a été créé par l’Etat fin 2006, dans le cadre d’un effort européen pour réduire les consommations d’énergie des bâtiments. Aujourd’hui, aucun propriétaire ne peut vendre ou louer son bien sans réaliser cette évaluation (à ses frais). Malgré tout, ce diagnostic comporte encore plusieurs inconnues pour la plupart des particuliers.

Un classement, de A à G

Le DPE analyse la performance énergétique du logement en évaluant sa consommation d’énergie et son impact en termes d’émission de gaz à effet de serre (GES). Le tout est traduit par une grille de calcul qui classe l’habitation de la lettre A – pour un bâtiment très économe – à la lettre G, pour une construction très énergivore. C’est l’« étiquette énergie ». Une deuxième grille, appelée « étiquette climat », opère un classement similaire en fonction des émissions de GES.
Ce diagnostic doit également délivrer une consommation annuelle en énergie, exprimée en kW/h et en euros. Il fournit enfin une description des équipements de chauffage du logement, ainsi que des points d’isolation et indique des conseils d’usage et de travaux possibles pour réduire encore la note énergétique. Bien qu’il soit valable dix ans, n’hésitez donc pas à l’actualiser à la suite de travaux d’isolation pour améliorer le classement de votre bien.
Le DPE répond, en outre, à une procédure réglementée. Il est en effet établi sur la base d’un modèle type dépendant du bâtiment. Selon la taille des locaux à inspecter, cette analyse peut prendre entre une demi-heure et deux heures. Pour ce faire, le professionnel utilise un télémètre laser avec lequel il mesure la superficie des lieux, puis emploie différents appareils spécifiques comme la caméra thermique ou l’analyseur de transmission thermique.

Un professionnel habilité

Le diagnostic de performance énergétique ne peut pas être réalisé par n’importe qui. Avoir des compétences dans le domaine du bâtiment et de l’énergie ne suffit pas. Le professionnel doit être certifié auprès d’un organisme lui-même accrédité par le Cofrac, le Comité français d’accréditation. Une garantie essentielle pour attester de ses compétences.
Un arrêté du 13 décembre 2011, entré en vigueur début 2012, a encore renforcé l’exigence de qualifications. Ce texte impose que le professionnel ait décroché un Bac + 2 dans le domaine des techniques du bâtiment, avant de pouvoir passer sa certification. Cette dernière est quant à elle scindée en deux catégories : un niveau « individuel » adapté pour les maisons et appartements et un niveau « tous types de bâtiments » qui habilite le « diagnostiqueur » à intervenir dans les immeubles collectifs et locaux d’entreprises.
L’outil nécessaire au calcul du DPE a lui aussi subi un toilettage qualitatif. Depuis le mois d’avril, les professionnels doivent désormais obligatoirement intégrer le nouveau moteur de calcul à leur logiciel de travail.

Une fiabilité controversée

Ces différentes dispositions réglementaires ont été prises en réaction à plusieurs enquêtes démontrant les faiblesses du dispositif.
En 2011, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir avait ainsi fait établir des DPE dans quatre maisons, par seize professionnels. Le résultat était alors sans équivoque : seul l’un des logements s’était vu attribuer la même étiquette énergétique par l’ensemble des diagnostiqueurs. Pour les trois autres, le classement du bien variait d’un professionnel à l’autre, allant même de l’étiquette C à E ! Or, la performance énergétique de l’habitation est devenue une information précieuse pour les propriétaires puisqu’elle permet de bénéficier, sous certaines conditions, du prêt à taux zéro plus, afin de réaliser des travaux.
Autre point noir : le prix. Et en la matière, aucun texte législatif ou réglementaire n’est venu arranger les choses. Le diagnostiqueur est en effet seul juge du coût de son travail. C’est pourquoi il est possible de trouver des DPE à tous les tarifs. Là encore UFC-Que Choisir a mené sa petite enquête, en 2012. En fonction de la région, de l’entreprise et de la taille du logement, ce diagnostic peut tourner autour des 75 € ou carrément attendre plus de 200 € ! De façon générale, le prix moyen de ce diagnostic se situerait dans une fourchette comprise entre 80 et 160 €.

Si les récentes mesures prises par le gouvernement ont eu le mérite d’améliorer la qualification des diagnostiqueurs, reste à savoir si cela suffira à rendre le DPE plus fiable. Pour l’heure, rien n’est moins sûr.

J. Polizzi

Annuaire des diagnostiqueurs établi par le ministère de l’Écologie disponible sur : diagnostiqueurs.application.developpement-durable.gouv.fr