Faire face aux restrictions d’eau en cas de sécheresse

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Plutôt que de subir chaque année les encadrements d’usage de l’eau, il est temps de s’équiper pour s’adapter aux conséquences croissantes de la sécheresse. Tour d’horizon des solutions.

Chaque année, le scénario se répète et s’amplifie : de plus en plus de régions manquent d’eau et prennent des mesures de limitation des usages de cette ressource dès le retour des beaux jours pour tenir bon jusqu’à la fin de l’été. En 2022, année la plus chaude depuis 1900 selon Météo France, 93 des 96 départements de métropole ont ainsi fait l’objet de restrictions d’eau, dont 68 en situation de crise, au plus fort de la sécheresse estivale.

De la vigilance à l’alerte

Quatre niveaux de gravité conditionnent les mesures possibles. À charge pour les préfets de s’en saisir dans le cadre des arrêtés préfectoraux fixant le périmètre et la période concernés. Attention : il s’agit de dispositions minimales qui peuvent varier selon la localité.

Le premier palier correspond à un état de « vigilance » servant à la sensibilisation. Dès le niveau 2, on passe au stade de « l’alerte » qui impose de réduire les prélèvements en eau. Si les collectivités, entreprises et exploitants agricoles sont surtout impactés, les particuliers aussi doivent se plier aux restrictions : l’arrosage du jardin est circonscrit avant 11 heures et après 18 heures, que ce soit pour la pelouse, les massifs fleuris et le potager. De même, une piscine privée ne peut plus être remplie, sauf remise à niveau et première mise en eau si elle vient d’être construite. Quant à l’éventuel nettoyage de la terrasse ou de la toiture, il devra attendre la fin de la sécheresse !

Au niveau 3, « l’alerte renforcée » complète les interdictions précédentes en défendant d’arroser pelouse et massifs. Seul le potager peut continuer à être hydraté, et ce, uniquement avant 9 heures et après 20 heures. Enfin, au stade 4 de « la crise », même le premier remplissage ou la remise à niveau d’une piscine est prohibé.

Quant au lavage de voiture à domicile, il est interdit dès le stade d’alerte et prohibé toute l’année dans la plupart des villes en vertu de l’article L1331-10 du Code de la santé publique qui empêche le déversement d’eaux usées, autres que domestiques, dans les égouts.

Bon à savoir : tous les arrêtés de restriction d’eau sont recensés sur le portail Propluvia.developpement-durable.gouv.fr.

Collecter l’eau de pluie, une solution pérenne

Malgré les contrôles, il est évident que ces restrictions font davantage appel au bon sens collectif qu’à la crainte de subir une amende (1 500 € ou 3 000 € en cas de récidive). Il est alors judicieux de s’équiper durablement pour optimiser la gestion de l’eau tout au long de l’année.

A minima, un récupérateur d’eau de pluie positionné sous votre gouttière – ou, mieux, relié à cette dernière par un tuyau pour ne rien perdre – permet de collecter environ 70 m3 d’eau par an pour une toiture de 100 m2 selon l’Ademe (Agence pour la transition écologique). On peut acheter ce type de bac en plastique équipé d’un filtre à partir de 60 € pour 300 ou 500 litres, ce qui est idéal pour arroser un petit jardin. Le prix grimpe ensuite en fonction du volume mais aussi du design de la cuve. Ajoutez-y un système de pompage et votre arrosage automatique sera autonome en eau !

Si vous êtes prêt à investir, optez pour une cuve enterrée. Avec une capacité de plusieurs milliers de litres, cette citerne dissimulée sous votre terrain pourra non seulement servir à arroser le jardin mais aussi à remplir la chasse d’eau des W.-C ou encore à laver le sol à condition de prévoir un robinet estampillé « eau non potable ». Une cuve de 5 000 litres s’achète à partir de 3 000 €, auxquels il faut ajouter la pose par un professionnel. Une déclaration d’usage devra être faite en mairie si l’installation est raccordée au réseau d’assainissement collectif.

Focus sur les aides
Les récupérateurs d’eau de pluie du commerce peuvent être onéreux. Renseignez-vous auprès de votre mairie et de votre département pour savoir s’il existe un programme local de récupérateur à moindre coût ou une subvention. Dans le cadre du plan national de sobriété, le gouvernement a aussi annoncé la mise en place de kits hydro-économes et d’aides pour des récupérateurs d’eau en 2024. D’ici là, un « ÉcoWatt de l’eau » permettant d’estimer sa consommation et de lister les restrictions locales est prévu dès ce printemps.

Julie Polizzi

Photos © Adobe stock,  DR