Un partenariat a été conclu entre la famille de Beauvau-Craon, propriétaire du château de Haroué et le Centre des monuments nationaux (CMN). L’institution publique gérera désormais, et ce pour la première fois en France, un château privé pour lui redonner ses lettres de noblesse.
« Nous sommes ravis de ce partenariat qui est unique en France » souligne Jean-Marc Bouré, administrateur du palais du Tau, des tours de la cathédrale de Reims et du château de Haroué au Centre des monuments nationaux. « Concrètement, le CMN ouvrira à la visite le château, y développera une offre culturelle et pédagogique et contribuera à sa mise en valeur, dans le respect de son esprit de famille. » Une nouvelle page s’ouvre désormais pour le château de Haroué, situé à 30 minutes au sud de Nancy.
Ce château XVIIIe et ses illustres propriétaires, une longue lignée de princes, ont fait l’histoire de la Lorraine. Construit par l’architecte Germain Boffrand entre 1720 et 1729, le château de Haroué se présente au cœur d’un domaine de 16 hectares, dont un jardin à la française. Ce chef d’œuvre, surnommé le « Chambord lorrain », ne compte pas moins de 365 fenêtres, 52 cheminées, 12 tours et quatre ponts. Les grilles de la cour d’honneur, ainsi que les ferronneries des balcons et de l’escalier d’honneur sont, elles, signées par Jean Lamour. Resté entre les mains de la famille de Beauvau-Craon, le château conserve des collections exceptionnelles dans ses 82 pièces, dont la plupart se visitent entre mai et novembre.
Programmation culturelle dès le mois de Juin
Depuis le décès de son père Marc, Minnie de Beauvau-Craon ne ménage pas ses efforts pour maintenir à flot son héritage : elle organise des festivals, accueille à sept reprises des opéras en plein air, multiplie les expositions grâce à son ami Hubert de Givenchy, convie les visiteurs… « Aujourd’hui, le château de Haroué doit s’inscrire dans le paysage touristique local, ce qui demande une grande ingénierie culturelle » explique Jean-Marc Bouré. « Minnie de Beauvau-Craon a fait le choix de confier l’animation culturelle et la mise en valeur de son château au Centre des monuments nationaux en raison de son expertise en gestion des sites patrimoniaux majeurs. » Ainsi, Haroué bénéficiera de tous les savoir-faire du CMN en termes de médiation, d’animation, de développement numérique, de promotion touristique et de communication.
Dès le mois de juin, si la situation sanitaire le permet, le CMN assurera l’ouverture du rez-de-chaussée et du premier étage de l’aile centrale du château au public sous forme de visites guidées. Une partie du parc (jardin à la française, jardin à l’anglaise et bosquets) sera aussi accessible. « Nous prévoyons également une grande exposition en partenariat avec un artiste contemporain dont le nom sera dévoilé dans les semaines à venir » évoque Jean-Marc Bouré. « Nous développerons les manifestations en rapport avec la musique : nous accueillerons l’ensemble Il Festino, dirigé par Manuel de Grange, autour d’un programme consacré à Monteverdi dans le cadre du Festival de musique sacrée et baroque de Froville. Ce concert aura lieu le 20 juin à 17h dans le parc du château. » Jean-Marc Bouré insiste également sur le souhait du CNM d’élaborer une programmation destinée au jeune public, aux scolaires ainsi qu’aux familles.
Le CMN ambitionne de recevoir chaque année entre 10 000 et 12 000 visiteurs : « Le développement de la fréquentation contribuera par ailleurs à augmenter les ressources nécessaires pour continuer à entretenir ce site remarquable » conclut Jean-Marc Bouré. De son côté, Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, souligne qu’« en intervenant pour la première fois dans une propriété familiale habitée, le Centre des monuments nationaux étend sa gamme d’actions en faveur des monuments historiques. Monument emblématique de la période de rattachement de la Lorraine à la France, le château de Haroué conserve des collections importantes, dont certains éléments appartiennent à l’Etat : la préservation de cet ensemble constitue donc un enjeu patrimonial de première grandeur. Je remercie les propriétaires du château pour leur confiance envers le Centre des monuments nationaux, ainsi que les élus du territoire qui soutiennent leur démarche. Je remercie surtout Madame la ministre de la Culture d’avoir bien voulu autoriser une expérimentation qui ouvre de nouvelles perspectives à la sauvegarde du patrimoine en France. »
Pauline Overney
Plus d’infos : : monuments-nationaux.fr
Photos © Colombe Clier - CMN