La cathédrale Saint-Étienne de Toul

1120

La cathédrale, merveille gothique, témoigne de la riche histoire de Toul et de son vaste diocèse qui, démembré, donna naissance à ceux de Toul (réduit), Nancy et Saint-Dié. Visite d’un joyau lorrain.

La Lorraine a la chance de conserver de splendides édifices gothiques, notamment à Toul. La cathédrale est placée sous le vocable de Saint-Étienne. Saint Étienne, premier diacre de l’Eglise catholique, fut aussi son premier martyr : il mourut lapidé pour avoir refusé de renier sa foi. On le représente très souvent avec une palme (symbole des martyrs) et portant des cailloux. En hommage à ce saint, le chapitre de Toul avait d’ailleurs comme blason « de gueule [rouge, rappelant le sang du martyr] à trois cailloux d’or posés 2 et 1 ».

Une construction lente

La grande cathédrale gothique fait suite à un premier ensemble de basiliques construites au Ve s., elles-mêmes reconstruites en un plus grand édifice roman sous l’impulsion de l’évêque saint Gérard de Toul (Xe s.). Comme la plupart des grandes cathédrales du Moyen-âge, la construction s’étala sur plusieurs siècles. Commencée en 1221 (chœur, transept et une partie de la nef), la cathédrale fut achevée en 1561 (deux travées de la nef et la façade dans un superbe style flamboyant). Le XIVe siècle avait été marqué par la construction des quatre travées médianes. Au XVIe s., on adjoignit deux chapelles dans le style Renaissance, notamment la fameuse chapelle des évêques, malheureusement fermée depuis cinquante ans et toujours en attente de restauration (prévue en 2012). Au final, l’édifice construit mesure 98 m par 56, avec une hauteur sous voute à 32 m.

Un triste état

Classée dès 1840 monument historique (c’est dire l’intérêt qu’elle suscitait), la pauvre cathédrale de Toul fait aujourd’hui triste figure au regard de celle de Reims, Strasbourg ou même de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port. La cathédrale souffre durement pendant la Révolution. Les iconoclastes détruisent toutes les statues des portails de la façade occidentale, ainsi que celles des stalles, du jubé, et divers autres ornements. En outre, la Révolution détruit les inestimables et très précieux Trésors de la cathédrale et du chapitre, faisant fondre pour quelques kilogrammes d’or et d’argent des chefs d’œuvre d’orfèvrerie dont la France reste à jamais orpheline. Bombardée en 1940, la cathédrale a aujourd’hui encore bien des difficultés à se remettre de ses blessures et du « désintérêt » (?) dont elle semble faire l’objet… Les choses évoluent lentement ; les voûtes et la toiture, incendiées, ont été enfin refaites. Tout un chacun peut ainsi admirer la restitution en 1992 du campanile à « la Boule d’Or », édifié au temps de la Renaissance. Les chantiers avancent. Espérons que tout cela se poursuive avec ardeur.

Le siège de l’évêque

Le diocèse de Toul disparait à la Révolution. Sous le Premier Empire, il est incorporé au nouveau diocèse de Nancy. En souvenir de ce passé prestigieux, l’évêque de Nancy, dont l’évêché compte deux cathédrales (Nancy et Toul) obtient du pape le droit de porter le titre d’évêque de Nancy et de Toul. Comme toute cathédrale, Toul possède une cathèdre, siège exclusivement réservé à l’évêque. Les armes de Mgr Papin, 108e successeur de Saint Mansuy, premier évêque de Toul, sont suspendues au-dessus. Le siège de Toul accueillit d’illustres hommes dont saint Léon, évêque de Toul et pape au XIe s.

La cathédrale de Toul mérite plus qu’un détour, elle vaut une visite attentive tant son architecture est riche. Visiter cette cathédrale, c’est découvrir un riche pan de l’histoire lorraine.