Et Gary fut !

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GARY_TRIO

Chacune de ses toiles est l’étendard de son optimiste acharné, la preuve quasi-vivante de son incroyable faculté d’espérer… Gary, artiste aux mille facettes, a posé ses valises débordantes de couleur à la Galerie Mme de Graffigny le temps de « Plus loin », exposition visible jusqu’au 19 décembre prochain.

Metteur en scène et plasticien, Gary a fondé, dans une autre vie, la compagnie nancéienne Oz Theaterland land au théâtre « mutant »… Il se consacre désormais à la peinture, épopée solitaire et non moins rassembleuse. Car celui qui envisage l’acte de peindre comme celui de danser valse avec les couleurs, qu’il fait s’entrechoquer et s’embraser. Et bien que « Plus loin », sa nouvelle exposition, soit née des confinements successifs, il n’était pas question de concéder la moindre place à notre actualité sombre et masquée. Face à ce morne présent, Gary a eu pour réflexe de faire ressurgir la couleur, opposant à l’obscurité pandémique la lumière radicale de la joie, de la vie. Sa façon à lui de militer contre le noir ambiant.

Et de ces deux dernières années, de ce « tunnel sans expositions, sans rien du tout », il a fait bon usage, continuant à jouer au « magicien des couleurs », installé à son chevalet, dans le bazar ambiant de son atelier foutraque. « J’ai essayé d’oublier la réalité pour conserver ma liberté et garder quelque chose de fort, de joyeux, de confiant ». Pour cela, Gary ne force pas, il reste fidèle à ce qu’il est : quelqu’un qui « a foi en l’humain, en la vie ». Il a bien tenté de « réduire la couleur, pour l’expérience », et même de travailler à une future exposition en noir et blanc – son fantasme -, en vain. Il est perpétuellement « rattrapé par la couleur », dont il se joue en retour en s’amusant à en confronter des nuances a priori incompatibles.

Du dessin à la toile

Avant même l’exposition, la couleur et la toile, il y a le dessin, ou plutôt les dessins, griffonnés-avec-mots-accolés comme d’autres rempliraient des carnets. « Je dessine tout le temps, si bien que quand je commence une toile, c’est comme si j’avais répété ». Ce que croque Gary ? « Ce que je vois, ce qui me touche, ce qui m’arrive », en veillant à « rester sourd à l’actualité » et aveugle aux « zones sombres et mélancoliques » que cette dernière charrie et desquelles il s’extrait volontairement. « Quel que soit le contexte, j’essaie d’en tirer quelque chose de positif, de partageable, de joyeux, en espérant apporter à ceux qui regarderont mes toiles du soleil, de la joie de vivre ». Et que rayonne un peu de l’optimiste forcé de leur auteur…

Et si Gary conçoit l’acte d’exposer comme « un lever de rideau », le simple fait de pouvoir créer suffit à son bonheur. « Quand je peins, je n’ai besoin de rien ni de personne, je suis à ma place, bien centré, et j’ai une impression de liberté, de puissance, le sentiment que tout est possible… C’est là-dedans que je trouve mon équilibre ». Et au bout du tunnel, la lumière.

Plus loin, jusqu’au 19 décembre • Galerie Mme de Graffigny, 27 rue Albert Ier à Villers-lès-Nancy • Ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h30 et le dimanche de 14h à 18h. Gary est présent tous les vendredis, samedis et dimanches • Entrée libre • www.villerslesnancy.fr
Photos © Gary