Nouveau : les étonnants gloutons

2307

C’est une espèce aussi rare qu’insolite : les gloutons font leur entrée au parc de Sainte-Croix, qui devient le quatrième parc en France seulement à présenter cet animal cousin de la martre, de la belette et de la loutre mais aux faux-airs d’ours…

Tranquillement perchés sur leur plate-forme en hauteur, on les prendrait pour deux petits oursons. La femelle Vidja et le mâle Saivo finissent leur sieste. A l’approche du soigneur, le réveil se fait paresseux, mais les deux animaux finissent par s’étirer laissant échapper de leurs pattes poilues de grandes griffes, surprenantes. Un bâillement plus tard, on peut observer sa solide mâchoire et ses dents pointues.

Cousin de la martre, de la belette et de la loutre, le glouton est le plus grand mustélidé d’Europe. Solitaire, il couvre un vaste territoire de l’Amérique du Nord à la  Sibérie en passant par la Scandinavie. C’est donc un amoureux du froid, idéal à observer en hiver.

1ère présentation publique des gloutons - 28 janvier 2016 - Parc Animalier de Ste-Croix (9)

La réputation du glouton n’est plus à faire ! Malgré sa petite taille il est capable d’engloutir aussi bien des lièvres, des campagnols que des renards. Au pied de la passerelle d’observation qui surplombe leur enclos, les gloutons se délectent d’une carcasse de bœuf qui rappelle aux visiteurs que ce grand carnivore est un charognard qui n’hésite pas à se confronter aux loups ou même aux pour pour leur disputer sa pitance. Avec son caractère bien trempé, sa réputation de n’avoir peur de rien explique sûrement qu’il est au cœur de plusieurs légendes. Au Canada, où on le nomme carcajou, il est le héros voleur et rusé d’une légende des indiens Micmacs. En Suède, il est le « Fjällfräs », qui signifie « chat des montagnes ». On l’appelle aussi le fantôme du Grand Nord, car c’est un animal très discret. Mais c’est sans doute son nom anglais qui en fait une star : Wolverine ! Là tout de suite, on visualise mieux les grandes griffes, les canines acérées et le regard perçant de l’animal qui a inspiré le personnage de comics américain joué par Hugh Jackman. On murmure aussi que la mythique Bête du Gévaudan aurait pu être un glouton…

Unique dans l’Est et rare en France

Arrivés de Suède le 19 décembre dernier, les deux gloutons font partie d’un programme d’échange qui vise à favoriser la préservation de cette espèce classée « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées en Europe. Seuls 2300 individus vivraient encore à l’état sauvage dans différentes régions de l’hémisphère nord où leur habitat disparaît peu à peu à cause du réchauffement climatique. Mais ce n’est pas la seule menace qui pèse sur ces mustélidés toujours victimes de braconnage et de la disparition des autres grands prédateurs. « Leur présence, ici à Sainte Croix permettra de renforcer nos actions de sensibilisation à la préservation de la biodiversité, poursuit Clément Leroux,  car on ne protège bien que ce que l’on connaît ».

Méconnu en France, le glouton est peu représenté dans les parcs zoologiques « A peine 8 individus sont visibles dans tout le pays, nous sommes le 4e parc (et le seul dans le Grand Est) à proposer aux visiteurs de rencontrer cet animal exceptionnel.

A animal exceptionnel cadre exceptionnel !

En invitant sur son parc cet animal, la direction a pris soin de lui fabriquer, comme pour chaque nouvelle espèce, un environnement qui se rapproche au maximum de son biotope naturel. « Si ce n’est pas difficile pour les cerfs qui vivent dans nos forêts, explique Christophe Parrenin, responsable de projets au parc, c’est plus compliqué pour d’autres espèces comme les ours, pour lesquels nous avons du installer de gros rochers et des zones de baignade ou plus encore pour les lémuriens pour lesquels on se heurte forcément à un problème de climat. « L’arrivée de chaque nouvel animal implique un gros boulot de recherche autour de son cadre de vie. L’idée n’est pas de montrer un animal dans un enclos, notre démarche c’est presque le contraire ! L’animal est un prétexte à la découverte de la nature qui l’entoure, des autres espèces qui gravitent autour de lui… poursuit Christophe Parrenin. Nous avons envie de proposer une expérience à travers la biodiversité et une rencontre entre l’homme et l’animal. » Pour l’enclos des gloutons, l’expérience est particulièrement réussie. Leur territoire de 1200 m2 est fondu dans une zone de visite de 3000 m2 qui fait le lien entre la Toundra – territoire du lynx boréal – et la Taïga, forêt boréale où vivent ces animaux à l’état sauvage. Grands arbres, rochers, zones humides et d’eau vive plongent le visiteur dans le Grand Nord. Et pour mieux rêver, 3 points de vues ont été imaginés par les équipes. A l’abri dans une maison scandinave, depuis un belvédère ou sur une passerelle surplombant l’enclos, tout est fait pour vous inviter sur le territoire du glouton.

Depuis son ouverture il y a 35 ans, le parc Sainte-Croix a toujours suivi une même idée : que le visiteur n’ait pas l’impression de voir des enclos, que l’impression de semi-liberté prédomine. Loin de faire une course au nombre d’espèces, le parc prend soin de renouveler son offre. Cela passe par des réaménagements, des changements dans le paysage. Comme une histoire qui se raconte, Sainte-Croix sait varier au fil des ans son décor et ses personnages. Il est aujourd’hui le seul parc en France à présenter les quatre plus gros carnivores d’Europe : le lynx, le loup gris, l’ours brun et désormais… le glouton. Les « quatre fantastiques » sont en tournée en Lorraine, à ne pas rater !

Plus d’infos sur parcsaintecroix.com

Photos © Parc Animalier Sainte-Croix, Paul Sangeorzan, DR