Les vins de Toul : ils chantent la Lorraine

460

Toul a un patrimoine inestimable dont la région peut être fière : son vignoble ! Classées AOC depuis 1998, les Côtes-de-Toul n’ont pas à rougir de leur qualité. Reportage entre ceps de vignes et tonneaux dans les chais*

Les vins de Toul chantent la Lorraine depuis longtemps, très longtemps même puisque la culture de la vigne sur les côtes touloises a été introduite par les Romains ; à l’époque, la Lorraine n’existe d’ailleurs pas encore.
Depuis toujours, les cépages développent leurs généreuses grappes sur les côtes sud et sud-est, profitant ainsi au maximum du soleil. Servis autrefois pour accompagner les mets délicats des tables des riches évêques de Toul ou du bon roi Stanislas, ils restent un choix sûr pour une table de fête, mais aussi pour des occasions plus fréquentes. Alors, hotte sur le dos et verre à la main, partons à la découverte de cette richesse lorraine, fraîche et fruitée !

Un vignoble rare et précieux

Si l’on comptait au XIXe siècle plus de 6 000 hectares de vignoble, il ne restait plus que 30 hectares il y a 60 ans, la faute aux guerres, à la concurrence des vins du sud, au phylloxera. Les Côtes-de-Toul reviennent de loin. Depuis, une poignée de vignerons, amoureux de leur travail et de leur terre, se sont battus pour faire revivre ce nectar … et les résultats sont là : 700 000 bouteilles produites annuellement, l’AOC en 1998, de nombreuses récompenses dans les différents salons français dont le prestigieux Concours Général Agricole.
La qualité s’est indiscutablement améliorée. On entend encore trop souvent « Oh, du Gris de Toul ! Vous n’auriez pas mieux ? ». C’est méconnaître l’actuel breuvage ! Le vin de Toul se conjugue désormais avec plantation raisonnée et méthodes de vinification de qualité. Les cépages dominants de pinot noir, gamay et auxerrois (une création lorraine) lui assurent corps et saveur, et autorisent à le servir dès l’apéritif.

Huit villages à l’ouest de Toul abritent les précieuses parcelles : Blénod-les-Toul, Bruley, Bulligny, Charmes-la-Côte, Domgermain, Lucey, Mont-le-Vignoble et Pagney-derrière-Barine. Cela représente tout de même un axe long d’une vingtaine de kilomètre pour une trentaine d’exploitations viticoles.

Des exploitants généreux

Ils sont installés à proximité de leurs vignes… Leur passion : le bon vin. Nous avons été à la rencontre de deux domaines : l’un très ancien, la maison Laroppe, propriétaire de vignobles depuis 1722 (huit générations !), et le dernier né des domaines : l’Ambroisie.

La Maison Laroppe mérite amplement sa réputation : des AOC de grande qualité, des méthodes traditionnelles (anciennement appelées « champenoises ») pleines de saveur… partout transpire l’amour du beau et du bon. Leur production annuelle de 140 000 bouteilles est très convoitée, avec raison.
Le Domaine de l’Ambroisie est installé à Toul dans une superbe cave d’un ancien négociant de vins. Sa production, variée, fait la part belle aux nouveautés. Les deux jeunes exploitants aiment à sortir des sentiers battus, titiller les papilles et oser l’aventure. Leur dernière création : une vendange de gamay surmûri et congelé qui offre une parenté superbe avec les traditionnels vins de glace. 440 bouteilles ont été bouchées : « on tente le coup, on verra si les clients suivent » nous confie-t-on. Le nom de la vendange, « Apothéose », est révélateur.
Ces deux maisons, comme de nombreux autres domaines, proposent également des produits à base de mirabelles : eau-de-vie, liqueur, crème… pour tous les goûts et toutes les utilisations.

Du vin de Toul, oui ! mais avec quoi ?

Sur le plan gastronomique, les vins toulois sont ceux qui accompagnent le mieux les excellents plats lorrains : quiche et potée, tourte, pâtée… mais aussi (c’est encore la saison), salade de pissenlits aux œufs et lardons qui s’accommodent parfaitement de gris servi entre 8 et 10°. Les blancs, servis aux mêmes températures, relèvent le goût d’un foie gras ou d’une blanquette, d’un poisson ou de fruits de mer. Le vin rouge, servi quant à lui à 14°, fait merveille aux côtés de rôtis, canard, gibier (la région en est riche) et autres civets.
Mais le vin de Toul a su évoluer pour séduire de nouveaux adeptes, et le succès du récent Salon des Vins de France (la 27e édition s’est tenue du 8 au 10 avril dernier salle Valcourt à Toul) le prouve.

Les vins de Toul sont riches, les sensations qu’ils procurent également. La fraîcheur florale et raffinée d’un gris, l’intensité fruitée d’un rouge, la finesse, l’élégance et la légèreté d’un blanc… chaque cépage, par sa diversité et ses couleurs, a des atouts pour séduire.

La Capucine

La Confrérie de la Capucine, qui fêtera ses 60 ans l’année prochaine, est indissociable de la défense des vins de Toul. Ses buts sont simples : « Faire la promotion et défendre par tous les moyens, lors de déplacements et de réceptions, les vins d’Appellation Contrôlée  » Côtes de Toul  » ainsi que la Mirabelle de Lorraine au profit des vignerons du Toulois ».
Le nom de capucine ne vient pas de la fameuse fleur originaire d’Amérique du Sud ; il est au contraire intimement lié à l’histoire du vin puisqu’il désigne une bouteille cerclée de cuivre créée par les moines Capucins au VIe siècle. Cette bouteille, devenue l’emblème de la Confrérie et que chaque membre porte en miniature suspendue à une cordelière, servait jadis de gourde aux vignerons pour leur journée de travail. Une chose est sûre, vin et identité touloise sont inséparables.

Alors, avant de faire le tour des chais, n’oubliez pas le serment de la Confrérie des Compagnons de la Capucine :
Fidélité au vin Toulois,
Qu’il soit Auxerrois, Pinot, Gamay,
Buvons le frais plutôt que froid
Et ne l’abandonnons jamais !