Scènes en Selle : la création au galop

8

Du 21 au 24 août 2025, Lunéville devient le théâtre de Scènes en Selle, festival unique en France mêlant art équestre, spectacle vivant et convivialité.

Depuis 2020, Scènes en Selle redonne ses lettres de noblesse à l’art équestre contemporain en en faisant le pivot d’un rendez-vous culturel exigeant et joyeux. Initié par la municipalité et porté par l’association Équiart Concept, le festival revient pour sa sixième édition avec une program-mation toujours plus éclectique et un esprit toujours aussi libre.

L’ambition ? Mettre en lumière des artistes créatifs et des œuvres puissantes faisant de l’animal non pas un accessoire, mais un véritable protagoniste. « Le cheval est un partenaire de jeu à part entière. Il occupe une place au sein des créations selon son caractère, sa personnalité et ce qu’il a envie de donner en scène. Les artistes sont amenés à composer avec leurs réactions. », souligne Mahaut Wagner, directrice d’Equiart Concept. Ainsi, dans chacun des spectacles présentés lors de ce festival enchanté de la fin août, le cheval a un caractère, un rôle, une présence scénique qui compte. Les artistes en piste sont, pour beaucoup, issus à la fois du monde du spectacle vivant et de la pratique équestre. Résultat ? Des créations mêlant théâtre, danse, musique, acrobaties, parfois clowns ou marionnettes ; des formes hybrides et poétiques qui sortent des sentiers battus.

Brillant par la qualité de ses propositions, le festival illustre de manière flamboyante de ce que peut la démocratisation culturelle lorsqu’elle est prise en main par des acteurs de conviction. Ainsi, tous les spectacles sont gratuits, ouverts à tous, dans des lieux variés du centre-ville. Du château à la place Stanislas, en passant par l’école Hubert Monnais ou la rue Banaudon, ce sont, en tout, huit sites de Lunéville qui deviennent scènes à ciel ouvert, faisant du festival une véritable balade artistique à travers la ville. Et pour que la fête soit totale et l’organisation optimale, les membres d’Equiart Concept peuvent compter sur le soutien financier et logistique de la Ville, dont les différents services sont mobilisés pleinement, sur le soutien financier de nombreux partenaires ainsi que sur l’énergie d’une trentaine de bénévoles présents sur tout le week-end pour assurer l’accueil et la logistique.

Au total, lors de cette 6e édition, dix compagnies invitées, venues de toute la France et de Belgique, présenteront leurs spectacles deux fois par jour. Aux 40 représentations en trois jours, s’ajouteront des concerts, des ateliers, des expositions et des animations pour petits et grands. Cette effervescence joyeuse, à la fois populaire et artistique, fait de Scènes en Selle un festival à part, porté par une véritable vision artistique.


Une programmation foisonnante

Fidèle à son ouverture d’esprit devenue une marque de fabrique, Scènes en Selle varie les formes et attire tous les publics.

En ouverture du festival, la compagnie Diego n’Co dégainera un Don Quichotte détonant. Cette création théâtrale et équestre, mise en scène par Julien Stéphan, mêle jeu d’acteur, voltige, humour et une sacrée dose de folie douce. Sur scène : quatorze équidés – dont un âne –, quatre écuyers, deux comédiens, une artiste aérienne. La promesse d’un voyage baroque et rocambolesque au cœur du plus vieux roman moderne de l’histoire.

Autre moment fort : « Juste au Caillou », du collectif Azul Bangor. Ce conte-théâtre poétique, véritable quête initiatique, met en scène deux comédiens et un poney. Particularité de ce spectacle ? Il sera présenté dans deux quartiers de la ville, après avoir tracé sa route dans les villages du territoire jusqu’à Baccarat. Une manière concrète de faire rayonner le festival au-delà de ses frontières, en allant à la rencontre de tous les publics.

La Cie de l’Ouvert proposera également un spectacle très attendu : « Altérité », performance improvisée de 30 minutes avec, en piste, 2 danseurs, 1 musicien et 2 chevaux. Autres perles à l’affiche de cette 6e édition de Scènes en selle : « News, au galop vers les nouvelles » (Cie Alicia Dosogne & Clément Ferron), qui propose un retour dans les années 1930 alors que la presse papier est confrontée à l’arrivée des nouvelles technologies ; « Le Vif » de Solène Heinrich, création pluridisciplinaire questionnant la part d’animalité en chacun.e de nous et la relation d’altérité du cheval à l’humain ; « Après la Fête » (Cie Jehol), 75 min durant lesquels musiciens, écuyers et chevaux communient sur fond de voltige et de poésie musicale ; « Alquemia l’alchimie du mouvement », expérience contemplative et épurée explorant les liens entre l’art équestre, la musique et la danse ; et « En’vie », voyage sensoriel proche de la respiration.

© Jeanot

Tout le monde au Préau !

Le soir venu, rendez-vous au Préau, à l’école Hubert Monnais, véritable cœur du festival ! On y trouvera de quoi boire, manger, jouer, lire et surtout danser. Trois concerts sont prévus cette année : Les Garçons Plage (rock yéyé), Mawjam (pop funk hip-hop) et le trio Üuget (chants des Balkans). Ajoutez à cela des foodtrucks variés – 3 salés, 2 sucrés – et des bières locales, et vous obtenez une ambiance aussi festive que décontractée.

PROGRAMME JEUNE PUBLIC

Pour les enfants : des courses hippiques (dès 12 ans), des jeux Place Léopold, des lectures de contes et d’histoires faisant intervenir les personnels de la médiathèque et les Fariconteurs, un espace détente, une librairie, un espace jeux de société…


« Ce festival incarne notre volonté d’une culture pour tous »

Entretien avec Catherine Paillard,maire de Lunéville


En tant que première adjointe puis comme maire, vous avez toujours soutenu Scènes en Selle. Pourquoi ?

Parce qu’elle incarne tout ce que nous voulons pour Lunéville : un accès à la culture pour tous, dans tous les quartiers, et une création artistique forte. Dès 2019, alors que j’étais première adjointe, j’ai voulu imaginer un festival récurrent, gratuit, en lien avec l’histoire équestre de la ville – Lunéville est, historiquement, une ville de cavalerie. Quand Mahaut Wagner d’Equiart Concept est venue avec cette proposition, j’ai tout de suite adhéré. Une fois élue maire en 2020, j’ai décidé d’initier cet évènement. 

Comment la ville s’implique-t-elle concrètement ?

Par un soutien financier, d’abord. Au festival, nous dédions une enveloppe de 33 500 €, à quoi s’ajoutent les
50 000 € du théâtre. Nous mobilisons aussi de nombreuses équipes : services techniques, logistiques, de communication. Tout le monde est sur le pont. Cela représente un investissement humain et financier important, mais l’impact est là : plus de visiteurs, un centre-ville vivant, une image dynamique pour Lunéville.

Quel est l’intérêt d’un tel festival pour les habitants ?

Avec mon équipe, j’ai voulu mettre en place une politique culturelle inclusive, qui se traduise par l’organisation d’événements dont la variété permet de toucher un large public, jeunes comme moins jeunes. Scènes en Selle est de ceux-là. Accessible, il permet de toucher un public très varié, y compris des personnes qui ne franchissent pas toujours la porte des salles de spectacles. C’est un festival qui va vers les gens, jusque dans leurs quartiers. Et c’est aussi un moment de partage, d’émotion, qui crée du lien. Les Lunévillois peuvent être fiers d’accueillir un tel événement.

Comment voyez-vous l’avenir de Scènes en Selle ?

Je souhaite que le festival se pérennise, qu’il continue à innover tout en restant accessible. La gratuité est pour moi essentielle. C’est un engagement fort de la Ville. 

Ce festival, c’est aussi une façon de dire que la culture est un droit pour tous. J’espère sincèrement qu’il continuera encore longtemps à faire vibrer notre ville.

Que diriez-vous à quelqu’un qui n’a jamais encore assisté au festival ?

Qu’il faut venir ! On ne parle pas ici d’un salon ou d’une parade, mais de spectacles d’auteurs, de propositions créatives, où le cheval est un partenaire de scène. Même ceux qui ne sont pas passionnés de chevaux y trouvent leur compte. C’est émouvant, surprenant, drôle parfois. Et puis c’est une vraie fête populaire, joyeuse, accessible, une façon magnifique de clore l’été. C’est une bouffée d’oxygène juste avant le rush de la rentrée, mais également une source de dépaysement pour tous ceux, nombreux, qui n’ont pas la chance de partir en vacances.