Sarah & les abeilles

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Mettre du miel sur sa tartine de beurre le matin et avoir bonne conscience, tel est le principe du parrainage proposé par « Un toit pour les abeilles ». L’entreprise met en contact entreprises et particuliers avec des apiculteurs de toutes les régions françaises. En Lorraine, les abeilles de Sarah Holtzmann offrent tout le goût de leur terroir à leurs parrains. Une idée gourmande et généreuse.

En Europe, en France, vit le plus beau des insectes : l’abeille. Gracile dans son jaune et noir, elle danse de fleur en fleur et en les pollinisant, elle joue un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité. Depuis presque vingt ans, sa population en France ne cesse de diminuer, jusqu’à 30 % par an. « Un toit pour les abeilles » tente de renverser la vapeur et remettre ces petites monarchies mobiles sur leur trône. Depuis sa création en 2009, plus de 300 entreprises et 4000 particuliers ont été séduits par ce projet. En parrainant une ou plusieurs ruches, ces derniers participent au travail de protection des ouvrières et de leur reine. Mais ce n’est pas tout : en échange, ils ont aussi la chance de goûter le fruit de leur butinage et de faire connaissance avec un producteur et sa région.

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Le cœur à l’ouvrage

Disparition de colonies, changements climatiques brutaux, pesticides, les ennemis des abeilles et de leur apiculteur sont nombreux. Résultats : la production de miel baisse et l’apiculture elle-même est menacée. « Il y a deux ans, j’ai fait face à une perte d’abeilles. À l’intérieur des ruches, tout était mort et il n’y avait aucun miel à récolter. Je me suis tournée vers « Un toit pour les abeilles », au lieu d’aller vers une banque. Ce partenariat, c’est une sacrée béquille. On ne se sent plus seuls face aux difficultés », révèle Sarah Holtzmann. Elle fait partie des premiers apiculteurs à s’être lancés dans l’aventure d’ « un toit pour les abeilles » en 2010. De cent ruches la première année, elle en possède aujourd’hui 260. Pour améliorer sa production et être plus autonome, Sarah Holtzmann élève aussi ses propres reines et renouvelle ainsi ses cheptels, sans avoir à introduire des souveraines importées du Chili ou d’Argentine. Cela n’empêche pas son métier d’être soumis aux aléas de la nature, du temps et des hommes.

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Le goût des Vosges en pot

L’apicultrice voit les pratiques et les consciences évoluer doucement : « Dans la vallée du Rabodeau où je suis installée, il y a seulement des petits agriculteurs de montagne. Mais les pesticides utilisés par les jardiniers amateurs peuvent être tout aussi néfastes. Heureusement les gens reviennent sur ces pratiques ». Sarah Holtzmann ne se décourage pas pour autant. Attachée au terroir vosgien, elle partage avec ses parrains et clients un goût prononcé pour le miel de sapin.  « Il a une saveur spécifique, difficile à obtenir. Sa production repose sur deux insectes : l’abeille et le puceron », explique l’apicultrice. En effet, ce dernier absorbe la sève des conifères et, ne pouvant la digérer entièrement, la « rejette ». L’abeille vient l’en délester. Dans dix à quinze jours, Sarah réalisera sa première récolte de miel de fleurs sauvages. Une collecte exceptionnelle grâce à un printemps précoce. Mais la lutte pour sauver les abeilles continue et nos tartines crient déjà famine.