Moteur… Action !

293

À partir du 30 avril, le Mémorial Charles De Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises déroule le fil de trente deux pellicules, trente deux films qui ont marqué le mandat présidentiel de ce chef d’état emblématique. Vive le cinéma !

Colombey-les-Deux-Eglises est depuis 1934 la terre de prédilection du général de Gaulle. Même après sa mort en 1970, le lien a perduré et s’est même matérialisé en 2006 avec l’inauguration d’un mémorial en son honneur par le président d’alors Jacques Chirac. Dans ces 4 000 m2, la vie de cette personnalité hors du commun est décryptée pièce après pièce en même temps que les évènements historiques qui l’ont jalonnée. Il n’est qu’un biais par lequel Charles de Gaulle n’avait pas encore été étudié : le cinéma. Du 30 avril au 18 septembre, le centre de mémoire se penche sur une décennie riche en rebondissements artistiques mais aussi politiques : les années 1960. Fin de la guerre d’Algérie avec les accords d’Évian, construction du mur de Berlin et début de la Guerre Froide, avancées sociales pour les femmes avec la loi Neurwith et enfin Mai 68, la France en cette période connaît de nombreux bouleversements.

Un président cinéphile

De Gaulle et le cinéma, une longue histoire d’amour ? En tout cas, entre ces deux là le courant passe plutôt bien. Né en 1890, Charles de Gaulle voir naître le cinématographe et pourra l’observer en train d’évoluer, du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur. Avec sa silhouette élancée, dégingandé, le général a tout du facteur de Jacques Tati… ou est-ce l’inverse ? Michèle Manceaux, journaliste et écrivain, décrivait d’ailleurs son personnage phare M. Hulot avec un « visage à la Prévert sur le corps de De Gaulle ». À son arrivée à l’Élysée en 1959, le Président ne peut plus aller au cinéma ; celui-ci viendra donc à lui.  Le service cinématographique des armées projette pour lui et sa famille les images magiques de nombreux réalisateurs comme « Babette s’en va-t-en guerre » (1959) avec Brigitte Bardot, le captivant « Mélodie en sous-sol » (1963) ou encore « Le gendarme de Saint-Tropez » (1964). À l’image de leur président, les Français goûtent aussi aux plaisirs du grand écran : entre 1959 et 1969, 273 millions de tickets de cinéma viennent nourrir une industrie hexagonale reconnue dans le monde entier et que le Festival de Cannes célèbre déjà.

1

Portrait chinois, histoire et cinéma

L’exposition se construit sur un parcours de sept salles où trente-deux films clés de la période sont disséqués. Dans la première, les pellicules font revivre avec humour ou réalisme la Seconde Guerre mondiale. Après s’être replongé dans « Paris brûle-t-il ? » ou « la Grande Vadrouille », le visiteur se trempera dans un bain plus « subversif » avec certaines œuvres de la Nouvelle Vague comme les « 400 coups » de Truffaut. Le cinéma des années 1960 fait aussi de Charles de Gaulles une référence, un modèle pour certains personnages à la manière de Jean Gabin dans « Le Président ». Enfin, l’exposition relie histoire et cinéma en abordant les films annonciateurs de Mai 68, en montrant le rayonnement du cinéma français à l’étranger puis en éclairant le monde du cinéma dans les années 60. Cette balade cinématographique s’achève dans la salle de projection où les éclats du septième art viennent briller sous les yeux du public. Du cinéma engagé à la Costa-Gavras aux clowneries de Louis de Funès, toute la richesse du cinéma français se retrouve au Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises.

« Moteur, ça tourne… le cinéma français des années De Gaulle ». Contacts : +33 (0)3 25 30 90 80 • [email protected]memorial-charlesdegaulle.fr