Pour l’apéro, Nancy sur un plateau

523

Visiter un quartier de Nancy à l’heure où la journée se calme. Allier un moment convivial à celui d’une découverte culturelle : c’est ce que propose depuis l’an dernier l’Office du tourisme de Nancy. Des visites insolites qui permettent de pousser des portes habituellement fermées, de prendre un peu de hauteur, grâce à des accès privilégiés. Tout en finissant sur une note gourmande, fin de journée estivale oblige.

Chaque quartier qui compose le menu des visites apéritives est connu des nancéiens. La Ville Vieille, le quartier Art Nouveau, l’ensemble XVIIIe. Mais derrière ces têtes d’affiches, il y a souvent des niches méconnues, comme si la ville gardait encore ses secrets, même pour ses fidèles admirateurs. L’idée de l’Office du tourisme, avec ses visites insolites, est de donner à voir un Nancy différent, celui qui échappe aux circuits traditionnels.

Chaque étape des ces visites apéritives a lieu, comme le nom l’indique, en fin de journée : 18h30 précises. Chaque visite est unique, sur inscription et en petit comité. Qu’on se le dise, les places sont chères. Pour les nouveautés de l’année, autour de la place Stanislas, du Musée de l’Ecole de Nancy ou de l’écoquartier Gare, les lieux insolites sont tenus secrets, c’est la règle du jeu depuis l’an dernier.

Nous avons pu en revanche retracer avant la date officielle du 10 juillet la visite intitulée Ville-Neuve et Cathédrale.

Le rendez-vous a lieu sur le parvis de la Cathédrale, avec Vincent, notre guide en charge des visites insolites. Dans ses mains, un plan de la ville neuve de Charles III. En quelques mots bien choisis, il explique le lien entre la création de la partie de la ville du plus célèbre des ducs de Lorraine et ce lieu de prière qui aurait pu accueillir au départ un évêché, si le pape n’avait pas mis son veto. Au final, un simple primat, mais pas des moindres, qui donnera dès 1602, l’autorisation de la construction d’un petite église sur la place Charles III actuelle, en attendant le lancement des travaux d’une église plus monumentale. L’emplacement est choisi mais les hasards de l’histoire et la guerre de Cent ans, notamment,  stopperont le projet. Ce n’est que sous le règne de Léopold, autre grand duc de Nancy que la fameuse Primatiale verra le jour.

Pour qui passe devant cette église emblématique de la cité ducale, l’impression d’une architecture originale pour la région saute très vite aux yeux. Un petit air méridional, qui se marie tellement bien aux façades claire du reste de la ville. Un air volontiers italien, dû à son premier architecte Giovanni Betto, un architecte romain, qui s’est inspiré de l’église Sant’Andrea della Valle de la ville éternelle. Entre les deux tours, l’architecte italien voulait une immense coupole, idée vite abandonnée à cause de l’instabilité du terrain marécageux. Le plan est ensuite modifié par Jules Hardouin-Mansart et terminé par Germain Beauffrand, le célèbre architecte de Stanislas qui posera la dernière pierre. Au final, cette cathédrale que l’on regarde peu, un peu à l’étroit dans son écrin urbain a un style bien à elle, sobre et classique que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans la cité ducale.

Alors que les explications historiques se succèdent, c’est l’occasion, enfin, de lever les yeux vers une façade devant laquelle on passe souvent. L’occasion d’apprendre que les grilles intérieures ont été le premier travail nancéien de Jean Lamour, 10 ans avant qu’il ne réalise les célèbres grilles de la place Stanislas.

Une petite porte et 192 marches

Mais le clou de la visite est l’accès à cette fameuse petite porte habituellement fermée. Un tour de clé qui débouche sur une ascension de 192 marches le long d’un petit escalier en colimaçon, sans ouverture ou presque vers l’extérieur. L’arrivée n’en est que plus éclatante. Pile sous l’horloge, entre les deux tours. Nancy prend alors des airs de Rome, avec ses nombreux clochers, ses dômes et ses places majestueuses. Une vue que de nombreux nancéiens ignorent encore. Citadelle, porte de la Craffe, plateau de Haye : c’est l’histoire de Nancy qui se déroule sous nos yeux. En se retournant, on peut même apercevoir les deux tours de la basilique de Saint-Nicolas de Port et même les Vosges au loin.

Le vrai plus de la visite apéritive est dans cet accès unique à un point de vue insolite, inaccessible même lors des journées du patrimoine.

Autour d’un verre, la découverte continue

L’étape suivante, bien méritée après ces efforts physiques et culturels, nous emmène à deux rues d’ici, aux Domaines, célèbre caviste du centre ville de Nancy. L’occasion de découvrir des vins locaux – sélectionnés avec rigueur et passion par l’un des membres de l’équipe des Domaines, Nicolas – et accompagnés de spécialités lorraines.

Un pinot noir d’une petite production, première cuvée d’un jeune vigneron de Vic-sur-Seille, Rémi Gauthier, viendra vous surprendre, tandis qu’un domaine de Muzy, chardonnay blanc viendra apaiser cette fin de balade. Et pour finir sur des notes pétillantes ou originales, les visiteurs d’un jour pourront évoquer leur parcours autour d’un Auxerrois, le Leucquois de chez Lelièvre ou d’un Crillon des Vosges, un vin de rhubarbe moelleux, idéal pour l’apéritif. Ça tombe bien…

Un vin par département lorrain, avec chaque fois une explication sur la typicité des terroirs, des savoir-faire. Histoire de redécouvrir des vins comme on peut redécouvrir un monument, souvent vu de loin mais jamais observé de près.

Plus d’infos sur nancy-tourisme.fr • Visite apéritive Ville Neuve-Cathédrale, suivie d’une dégustation de vins lorrains aux Domaines, vendredi 10 juillet à 18h30. Tarif : 18€.