
À Metz, une exposition immersive entraîne le public dans le tombeau de Toutankhamon, entre archéologie, histoire et mystère.
Le 22 novembre 1922, l’archéologue britannique Howard Carter apercevait, à la lueur d’une bougie, des merveilles figées depuis trois millénaires. Un siècle plus tard, l’émotion demeure intacte. À partir du 3 octobre, c’est au Centre des Congrès Robert Schuman que le public est invité à revivre cette scène et à franchir les portes du tombeau royal. L’exposition Toutankhamon, à la découverte du pharaon oublié n’est pas une simple présentation d’objets : c’est une immersion totale dans l’univers du jeune pharaon.
La voix de Carter guide le parcours. On suit sa rencontre avec Lord Carnarvon, puis la quête qui mena à la mise au jour de la tombe en 1922. Dix années de fouilles acharnées sont condensées en quelques espaces reconstitués et des pièces façonnées à l’identique. Plus de 250 objets issus des ateliers du Musée du Caire restituent l’équipement funéraire du roi, reconstitué dans les moindres détails. Même les pigments des fresques et les traces d’humidité sur les murs sont recréés.



Au-delà des objets
En visitant cette exposition, on parcourt un contexte historique et géographique, un mode de vie dans lequel écrire sur papyrus, se nourrir, rendre hommage aux dieux, préparer la momification… sont autant de gestes quotidiens qui rappellent la richesse d’une civilisation vieille de trente-trois siècles. Parmi les thèmes évoqués au fil de l’exposition : le statut de la femme, la hiérarchie sociale, la place de la religion, l’art et ses conventions.
Une section évoque l’après-découverte : emballement médiatique, tensions politiques, naissance de l’égyptomanie. Aujourd’hui encore, Toutankhamon nourrit recherches et hypothèses, des analyses ADN des momies aux reconstitutions de son visage. L’exposition revient aussi sur les mythes persistants : tombe intacte, « malédiction », art figé… autant d’idées corrigées par une approche scientifique.
L’expérience joue enfin la carte de l’immersion. Décors grandeur nature, spectacles vivants et même un escape game intégré au parcours plongent le public dans une aventure interactive. Au bout, un objectif de taille : conjurer la malédiction du pharaon et protéger le monde d’un fléau ancestral.
Derrière cette mise en scène magistrale, la rigueur d’un duo : le chercheur belge Dimitri Laboury et le restaurateur de renom Hugues Tavier. Tous deux ont accompagné le projet en veillant à l’exactitude des détails. Résultat ? Une exposition exigeante et populaire, qui s’adresse autant aux passionnés qu’aux familles. Et offre une chance unique de marcher dans les pas de Carter, d’admirer les trésors d’un jeune roi disparu à 18 ans et de mesurer combien cette découverte a bouleversé notre regard sur l’Antiquité. Baptiste Zamaron