Le pouvoir du FIG

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©pxhere.com

Rendez-vous du 3 au 5 octobre à Saint-Dié-des-Vosges pour un 36e Festival International de Géographie (FIG) consacré au « pouvoir », l’Indonésie en pays invité.

Saison des champignons, des vendanges et des feuilles qui tombent, l’automne est aussi celle de Saint-Dié-des-Vosges transformée en capitale mondiale de la géographie. Cette année comme les précédentes, le Festival International de Géographie (FIG) y fera dialoguer savoirs, cultures et convivialité. Fil rouge de cette 36e édition ? « Pouvoir ». Une thématique qui résonne avec une actualité internationale traversée par les tensions et les crises, et qui ouvre la voie à l’espoir en mobilisant notre capacité d’action collective.

Pouvoir. Le festival explore ce thème sous tous les angles : politique, économique, environnemental, culturel ou encore celui de la santé. Parmi les rendez-vous phares, des tables rondes questionneront les formes de domination et de résistance : « Pouvoir et santé », « Le monde depuis Trump » ou encore « Le pouvoir des cartes », animée par Delphine Papin, cartographe au Monde. Autre moment atypique, la rencontre « Musique et (contre)pouvoir », conçue comme une conférence musicale, promet de bousculer les codes et d’inviter le public à s’interroger autrement.


Dans l’élan du speedmeeting géographique désormais attendu – les spectateurs échangent quinze minutes, en face-à-face, avec un géographe – le FIG met en place de nouveaux formats participatifs, à l’image des conférences inversées. Le concept ? Deux experts introduisent un thème en quinze minutes, avant de répondre à quarante-cinq minutes de questions du public. Une manière de rendre la science vivante et accessible.

Cet esprit d’ouverture s’incarne également dans le profil des personnalités invitées, au premier rang desquelles la climatologue Valérie Masson-Delmotte. Le romancier Michel Bussi, habitué des grandes enquêtes géographiques dans ses thrillers, croisera le moine bouddhiste Matthieu Ricard, engagé pour l’écologie et la solidarité. Raphaëlle Bacqué, grand témoin, viendra partager son regard de journaliste. L’écrivain indonésien Eka Kurniawan, figure littéraire majeure, présidera le Salon du livre. Enfin, au registre des « coups de cœur », citons la poétesse ukrainienne, infirmière militaire et caporale-cheffe Yaryna Chornohuz, dont les vers témoignent de la force des mots face au conflit.

Côté distinctions, le Prix Amérigo Vespucci reviendra cette année au primo-romancier – une première dans l’histoire du prix ! –  Sacha Bertrand, auteur de « 11h02, le vent se lève » (Éditions Paulsen). Une conférence permettra de découvrir plus avant cette voix émergente de la littérature géographique.

Tombola made in Vosges
Pour la tombola « Destination Vosges », exit les gadgets standardisés ! Les lots proposés ont été conçus pour faire sens. Seront à gagner : un séjour dans le massif vosgien, des produits emblématiques du territoire (paniers garnis, coffret de cafés et thés aux saveurs indonésiennes, madeleines de Liverdun…) et des séjours insolites dans des gîtes locaux. Le tirage au sort aura lieu le dimanche à 17 h, Place de la Gastronomie.


Encarté volontaire

Entre expositions majeures et expériences interactives, le FIG 2025 met en lumière le rôle décisif des cartes dans notre compréhension et notre représentation du monde.

De l’évidence – la géographie commence souvent par un dessin sur une carte – l’équipe scientifique du FIG a fait l’un des fils rouges de la programmation, et consacre tout un volet à la cartographie, qu’elle soit traditionnelle, artistique ou numérique.

L’Espace Géo-numérique, installé à l’espace François-Mitterrand, accueillera une trentaine d’exposants. Chercheurs, institutions et entreprises y présenteront leurs innovations : cartes interactives, applications de géolocalisation, ateliers pédagogiques… On y découvrira aussi la « République des cartes », projet collectif porté par l’IGN et divers partenaires, qui défend l’idée que la carte peut être un levier démocratique, un outil de souveraineté technologique et de débat citoyen.

Deux tables rondes organisées par l’AFIGEO mettront en avant les métiers de la cartographie et de la géomatique, à l’heure où GPS, smartphones et intelligence artificielle transforment nos usages. Des ateliers inviteront aussi leurs participants à se construire leur propre rando en créant des itinéraires, ou à expérimenter les cartes comme instruments d’exploration ludique.

Trois expositions-événements

La thématique se déclinera également à travers trois expositions-événements. La première, conçue par le service infographie du journal Le Monde, analysera le conflit israélo-palestinien à travers des cartes. Un choix audacieux qui montre la capacité de la cartographie à éclairer les conflits (et sujets) les plus sensibles.

La deuxième, Représenter le monde : le pouvoir des projections, investira la gare de Saint-Dié. Sur une carte au sol géante de 36 m², l’IGN présentera différentes projections pour démontrer combien la carte regardée influe sur notre perception du monde.

Enfin, l’exposition Geographia, l’odyssée cartographique à La Boussole associera planches originales de bande dessinée et documents anciens. À travers le personnage de Ptolémée, elle proposera un voyage ludique et érudit dans l’histoire de la cartographie.

Et puis, parce que la carte n’est pas seulement outil de connaissance et qu’elle est aussi langage esthétique, elle nourrira différents ateliers artistiques : porcelaines inspirées de plans mystérieux, cartes marines dessinées à la main, ou encore créations graphiques contemporaines.

À travers cette mise en valeur, le FIG 2025 souligne que les cartes ne se contentent pas de représenter le monde, mais qu’elles influencent notre manière de comprendre et d’habiter ce dernier. De la géopolitique aux randonnées, du patrimoine à la démocratie, les cartes ont du pouvoir, sont un pouvoir.


Le FIG en fête

Concerts, spectacles, gastronomie et village convivial… Au-delà des débats et des conférences, le Festival International de Géographie cultive son esprit festif.

Si le FIG fait bouillonner les têtes et s’agiter les neurones, il n’en oublie pas les corps ! En 2025, le cœur battant du festival sera sans aucun doute le chapiteau Amerigo, installé pour la première fois devant la Tour de la Liberté. Dès la fin d’après-midi, l’espace s’animera. Concerts, spectacles et animations s’y enchaîneront dans un esprit guinguette, tandis que l’Allée des Saveurs sera garnie de foodtrucks dépaysants. Les spectateurs pourront ainsi se restaurer sans rien manquer des spectacles proposés.

Le vendredi soir, le public sera entraîné par un DJ set signé Mory&Arty, suivi du groupe Peemaï à l’inspiration venue d’Asie. Samedi, place à une soirée en deux temps : le spectacle Le Rêve de Polyphème plongera le spectateur dans la richesse des instruments traditionnels indonésiens avant que Satellites of dance n’installe une ambiance dansante et festive. Le dimanche, Le Souffle du Reog, spectacle de danse javanaise, invitera petits et grands à un voyage culturel.

Les arts culinaires ne sont pas en reste. Sous un chapiteau dédié, des chefs et pâtissiers proposeront des démonstrations pour apprendre à cuisiner à l’indonésienne : nasi goreng, gâteau de riz javanais, couronne majapahit… Sur la Place de la Gastronomie, l’association Trans’Versants animera l’Éco Resto, qui défend une cuisine locale, durable et flexitarienne, tout en s’inspirant des saveurs de l’archipel. Et puis, dans l’Allée des Saveurs, les foodtrucks aligneront burgers, spécialités lorraines, vins, mets orientaux ou encore cuisines métissées franco-nippones.

Polyphème © JL Clercq-Roques

Démarche écoresponsable
La convivialité s’accompagne d’un engagement écologique. Conformément au partenariat le liant à la SNCF et à la Région Grand Est autour des mobilités douces, le FIG proposera le retour en TER à 1 €. Le festival lance aussi une grande enquête auprès des visiteurs pour établir son premier bilan carbone. Enfin, une boutique repensée valorisera les produits locaux et responsables, tandis que la bière bio « édition 2025 », brassée dans les Vosges, accompagnera les discussions passionnées.
Cette articulation entre plaisir et responsabilité illustre l’esprit de ce festival singulier qui ne se contente pas d’être un rendez-vous intellectuel : il propose un art de vivre fait de partage, de musique et de découvertes gustatives. Avec le FIG, la géographie se danse, se déguste et se chante autant qu’elle se débat. Avec le FIG, la géographie rassemble. Un super-pouvoir, assurément !