Féérique château de Lunéville

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© GBERGER-CD54

Du 10 décembre au 11 janvier, le Château de Lunéville se transforme en magasin de jouets géant, insolite et transgénérationnel.

Lumières et végétaux

Dès la cour d’honneur, la façade illuminée fait figure d’heureux présage : l’hiver sera lumineux ! Les équipes du château ont enrichi les décors extérieurs, multipliant par deux le nombre de sapins — d’une centaine l’an passé, ils sont passés à 200 — et ajoutant des silhouettes aux fenêtres, des animaux lumineux et une photo-box pour immortaliser la visite. Ici, rien n’est figé : les ombres en mouvement, les reflets sur les vitres et les mille et une petites lumières installées donnent la sensation d’arriver dans un château habité par la magie des préparatifs.

À l’intérieur, l’émerveillement prend une autre forme. Grâce au travail du créateur d’arbres artificiels Hervé Mayon – l’inventeur d’une technique consistant à greffer une à une sur de réels arbres des branches de feuillage artificiel –, les escaliers, le sous-sol et plusieurs salles se transforment. Invité, comme l’an dernier, à s’emparer des lieux, l’artiste-artisan qui a collaboré avec les plus grandes marques du luxe français et les scènes des plus prestigieux opéras européens, revient avec de nouvelles installations décoratives et végétales. Sous sa main, le château devient un décor vivant, entre nature rêvée et architecture historique.

Aux origines : le Rocher aux automates

L’hommage est clair et la référence, directe : en faisant du Château de Lunéville une boutique de jouets insolite, les organisateurs ont voulu rendre hommage au Rocher des automates, dispositif installé au château de Lunéville en 1742 et imaginé par le roi Stanislas lui-même. Par un mécanisme ingénieux, une seule manette suffisait pour animer 86 automates dans des scènes inspirées du quotidien : pêcheurs, lavandières, ouvriers ou musiciens. 

Cet immense rocher long de 250 mètres fut détruit en 1766 lors de l’arrivée des armées françaises. Il ne subsiste aujourd’hui que dans les archives… et dans l’esprit du parcours proposé cet hiver.

Le château transformé en laboratoire artistique

Le cœur de la visite repose sur une succession de propositions visuelles et mécaniques évoquant l’esprit des jouets d’autrefois, mais revisités par des artistes contemporains. Certaines œuvres intriguent, d’autres amusent, d’autres encore rappellent les vitrines animées des magasins d’hiver.

Dans la chapelle, le visiteur découvre les créations de l’artiste strasbourgeois Daniel Depoutot. Un monde d’automates, de silhouettes articulées, de masques mouvants et de squelettes qui semblent rire sous cape. Non loin, le Train Fantôme du duo de plasticiens scénographes Maculon Poligra déroule ses lumières fluorescentes : le visiteur est invité à une fête foraine miniature, étrange, colorée, hypnotique.

À l’étage, les JazzBox de la compagnie Léna d’Azy encouragent celui qui se présente à vivre une traversée miniature et sonore dans l’histoire du jazz : de petites chambres d’histoires, à la frontière entre sculpture et spectacle, transportent le visiteur d’un continent à l’autre en quelques minutes.

Dans d’autres espaces, les œuvres de Cédric Le Borgne — deux anges gris suspendus et un oiseau lumineux — introduisent une touche contemplative, presque méditative. Ce parcours à sensations fait passer le visiteur de la fantaisie mécanique à la poésie suspendue.

Une expérience rassembleuse

Grande nouveauté cette année : la participation directe du public en amont. Céramique, papier, vannerie… À l’occasion de différents ateliers organisés pendant l’automne, enfants, adultes et habitués du domaine ont façonné des papillons, silhouettes, volumes et petits objets que l’on retrouve disséminés dans les salles. L’événement devient ainsi une œuvre collective où chacun a laissé une trace.

Au sous-sol, un espace jeune public attend les familles. Au programme : contes enregistrés, ateliers libres, traîneau et trône pour les photos, mini-mapping « Fenêtres sur cour », et même une salle de rétrogaming installée dans des meubles Henri II recyclés en bornes d’arcade. Un clin d’œil assumé aux jouets d’hier et d’aujourd’hui, et l’occasion, pour certains des visiteurs, de partager avec leur progéniture leurs souvenirs d’enfance.

La visite peut être couplée avec celle du musée du château, espace non décoré mais ouvert au public. Pour chacun, l’important est de vivre l’expérience à son rythme, sans but ni itinéraire précis. Et si vous aimez les surprises, une chose est sûre : vous allez être servi·e !


Entretien avec Jean-Charles Masson, chargé de la programmation culturelle et événementielle du Département de Meurthe-et-Moselle

L’an dernier, l’événement a surpris le public. Comment avez-vous vécu cette première édition ?

Nous étions un peu dans l’inconnu : proposer un parcours sensible, non linéaire, dans un château, ce n’était pas courant. Les visiteurs ont adoré cette liberté. Beaucoup entraient sans savoir ce qui les attendait, et c’est précisément ce qui a créé la magie. Le bouche-à-oreille a fait le reste.

Pourquoi avoir décidé de reconduire l’expérience ?

Parce que la période hivernale s’y prête merveilleusement. Nous avons, pour cela, scindé en deux la période de fermeture annuelle : la première a lieu en novembre, ce nous permet d’installer le parcours et de décorer le château. L’accueil du public nous a clairement montré qu’il existait une envie d’un rendez-vous familial, chaleureux, où l’on vient autant pour s’émerveiller que pour passer un moment ensemble. Pour cette deuxième édition, nous affinons ce qui a fonctionné tout en renouvelant les surprises.

Comment résumer l’esprit de L’Hiver au Château ?

L’extérieur, accessible à tous, est décoré dans une ambiance Noël. À l’intérieur, on se déplace comme dans un magasin de jouets transgénérationnel : on touche, on écoute, on observe. Rien n’est imposé. Le visiteur construit ainsi sa propre expérience, et toutes les générations peuvent y trouver quelque chose. L’idée n’est pas de tout montrer, mais d’ouvrir un champ d’émotions.

Les artistes invités viennent d’horizons variés. Comment les choisissez-vous ?

Certains viennent du territoire, d’autres de Bordeaux ou de Rennes. Ce sont des artistes contemporains et singuliers, qui ont en commun de créer des œuvres d’art mobiles, interactives. L’hétérogénéité est volontaire : elle stimule la curiosité, la surprise. Chaque salle raconte une histoire différente.

La dimension participative est également un élément important d’« Hiver au Château ».

Oui, et c’est une logique que nous avons renforcée cette année. D’abord dans la conception de l’événement, qui a mobilisé toutes les équipes du Château, techniciens comme agents d’accueil. D’autre part, via les ateliers mis en place à l’automne, qui ont permis aux habitants de contribuer directement à la décoration : leurs créations sont intégrées à la scénographie. C’est une manière de rendre l’événement plus vivant, plus collectif et de faire du château un lieu que l’on s’approprie.

Comme l’an dernier, un salon de thé temporaire clôt la visite…

Absolument. C’est un moment de respiration. Après un parcours riche, arriver dans un espace inspiré des jardins d’hiver permet de prolonger l’expérience en douceur. Le goûter, le mug souvenir, le décor en rotin… tout cela participe à la chaleur du moment.

Un dernier mot aux lecteurs ?

Venez, passez les portes et laissez-vous porter !

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