Exceptionnelle Parenthèse

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© Cirque Arlette Gruss

En cette saison 2025/2026, le Cirque Arlette Gruss ouvre une parenthèse enchantée. Une échappée hors du temps, une invitation à respirer autrement, entre rêve, virtuosité et poésie.

De ville en ville, de chapiteau en chapiteau, « Parenthèse » s’écrira à travers la France, d’octobre 2025 à mai 2026. En reprenant la route, la troupe du cirque Arlette Gruss convie le public à une expérience rare : une parenthèse. Non pas un simple spectacle, mais un moment suspendu, un détour volontaire, une respiration dans le flot du quotidien. Sous le grand chapiteau, le fil de la vie s’interrompt comme une phrase suspendue. Le temps d’un soir, l’ordinaire s’efface, remplacé par l’extraordinaire.

2 actes en équilibre

A L’Acte 1 ouvre la brèche. Guidé par Monsieur Loyal, le spectateur entre dans un univers où tout devient possible. À la banquine, la Compañía Havana déploie des ailes insensées, quand Alexis Gruss et Sarah Houcke unissent leur pas à ceux des poneys et des chiens dans une alliance rythmée. Francesco Fratellini ajuste ses fléchettes avec une précision infaillible, avant que Darya Sharamet ne mette l’élégance de ses gestes au service de l’apesanteur. Au rythme des sabots, Linda Biasini-Gruss et Laura-Maria Gruss perpétuent la danse des crinières. Puis Francesco Fratellini se fait livreur espiègle, jamais en retard d’un colis surprise. Arzuman Arutunian libère les mots en équilibre entre les lignes, tandis qu’aux élastiques et à la bascule, Alexis Gruss et la Compañía Havana, de retour sur scène, défient la pesanteur. L’acte se conclut dans l’éclat d’un point d’exclamation.

© Cirque Arlette Gruss

Acte 2. Après l’entracte et ses points de suspension, la parenthèse continue. Sarah Flores et Eléa Broger s’élancent dans des spirales aériennes, miroirs d’une danse légère et fluide. Le clown Francesco Fratellini jongle et compte en balles sans jamais faillir. Alexis et Éros Gruss offrent un main à main fraternel dont la force naît de la complicité et de la confiance. Dans une improvisation chantée, Arthur et Francesco s’unissent sous l’œil malicieux du clown. À la corde à sauter, Toa Hattori impose une cadence olympique, avant que le Globe of Speed ne vienne tracer ses trajectoires sacrées, où motos et destin s’entrelacent dans un point d’interrogation fébrile. Enfin, la parenthèse se referme le temps d’un final éclatant ; une phrase prolongée, légère, colorée, qu’il appartient au public seul de clore ou non.

Tout au long de la représentation, l’émotion guide les pas. Chaque numéro devient une ponctuation : un point, une virgule, une exclamation ou un silence. Quant à l’invitation faite aux spectateurs nancéiens, elle tient en quelques consignes simples : franchir le seuil, s’asseoir, oublier le tumulte du quotidien, s’offrir une respiration et prolonger la parenthèse.


Le dîner-spectacle, entre performance et plaisir

Les 18 et 24 octobre, le Cirque Arlette Gruss proposera son dîner-spectacle : une expérience unique où l’art du spectacle se conjugue avec celui de la gastronomie.

En 2021, le Cirque Arlette Gruss lançait une idée audacieuse : associer ses numéros à un dîner digne des plus grandes tables. Trois ans plus tard, le succès est toujours au rendez-vous et Nancy accueillera de nouveau cette formule exclusive les 18 et 24 octobre prochains. Ces soirs-là, le chapiteau se transformera en restaurant éphémère capable d’accueillir jusqu’à 600 convives. D’un côté, la piste et les artistes, de l’autre, les équipes de Marcotullio, traiteur d’exception qui relève le défi de faire cohabiter haute gastronomie et arts du cirque.

Un choix stratégique

Sous le chapiteau, rien n’est ordinaire. « C’est un événement à part : pas de tables classiques, la proximité des animaux, les projecteurs… En plus, il y a une représentation juste avant, ce qui limite le temps dédié à la mise en place», explique Lorène Pernod, première maître d’hôtel chez Marcotullio. En seulement une heure et demie, les équipes du cirque montent et nappent les tables, laissant ensuite au traiteur la tâche de dresser les couverts, avec des variations selon les options réservées.

Des contraintes qui imposent une organisation au cordeau. « Je divise la salle en plusieurs carrés, chacun géré par un maître d’hôtel avec son équipe. En tant que maître d’hôtel principal, je briefe tout le monde, puis j’oriente en temps réel en fonction du tempo du spectacle», poursuit Lorène. Une mécanique bien huilée, fruit de quatre années d’expérience et d’une équipe solide : « Sans mes maîtres d’hôtel, qui sont mes piliers, je n’y arriverais pas ».

Car au-delà de la mise en place, le service doit épouser la cadence du spectacle. Après un apéritif, les invités découvrent la première partie des numéros avant de profiter d’un entracte gourmand. S’enchaînent ensuite entrée, plat et dessert, entrecoupés de nouvelles performances. Le tout est mené tambour battant : « Chaque plat doit être envoyé et débarrassé en quarante minutes maximum. Les chefs imaginent donc des plats à la fois jolis, bons et rapides à monter, qui permettent de tenir le rythme. »

© Cirque Arlette Gruss

A chaque saison, un repas test est organisé avec l’équipe du cirque pour ajuster le menu, lequel met toujours en avant des produits régionaux, conformément à l’ADN de Marcotullio, labellisé Traiteur de France. Au final, ces dîners-spectacles séduisent par leur double promesse : un cabaret inédit, modulable et spectaculaire, et un repas raffiné servi dans un cadre hors du commun. Pour le spectateur-gourmet, plongé au cœur d’une soirée qui allie précision, créativité et magie, l’expérience est totale.


Portraits d’artistes

Animés d’une même foi en la magie du spectacle vivant, Arthur Vereano-Huard et Sarah Florees sont deux visages incontournables du cirque Arlette Gruss.

3 questions à Arthur Vereano-Huard, Monsieur Loyal

© Cirque Arlette Gruss

Comment votre vocation est-elle née ?

J’ai toujours été attiré par le monde du spectacle. Adolescent, j’ai suivi les cours de l’école Annie Fratellini, puis je me suis éloigné du cirque pour mes études et un début de carrière en tant que juriste dans l’immobilier. Me retrouver, des années plus tard, à partager la piste avec Francesco Fratellini sous le regard de sa mère qui m’a connu enfant, c’était bouleversant. Je ne sais pas si le destin existe, mais j’ai vraiment eu l’impression d’avoir été remis sur ma voie.

Comment êtes-vous devenu Monsieur Loyal ?

Alors que le cirque Arlette Gruss passait à Montpellier, ville dont je suis originaire, j’ai écrit à Gilbert Gruss. En une semaine, c’était plié : je me retrouvais responsable de la gestion du personnel, poste que j’occupe toujours neuf ans plus tard. En tant que cavalier, j’ai aussi retrouvé la piste. Et puis, il y a trois ans, il a fallu remplacer le Monsieur Loyal, ce que Gilbert Gruss m’a proposé de faire au pied levé. Mon personnage diffère du Monsieur Loyal classique : je ne me contente pas d’annoncer les numéros, je crée un lien vivant entre la piste et le public, mêlant danse, jeu et émotion.

Que représente pour vous la vie de cirque ?

C’est une aventure permanente. Chaque ville, chaque spectacle, est un nouveau départ. C’est cette intensité, cette adrénaline, qui me donne envie de continuer. Tant que la magie opèrera et que la joie perdurera, je continuerai.

3 questions à Sarah Florees, Danseuse aérienne

© Cirque Arlette Gruss

En tant que 6e génération de circassiens, on peut, dans votre cas, parler de vocation…

Absolument. J’ai grandi dans cet univers, mais j’ai suivi une scolarité classique jusqu’au bac. J’ai ensuite travaillé pour des cirques danois, allemand… avant d’intégrer le cirque Arlette Gruss il y a trois ans. Après les lustres aériens et les filets, je présente cette année, en duo, un numéro de spirales aériennes.

Qu’est-ce qui rend les spirales si particulières ?

C’est un agrès très exigeant qui demande force, souplesse et un grand sens de l’équilibre. On tourne sans cesse, c’est vertigineux ! Au début, j’avais la tête qui tournait, mais le corps s’habitue. Chaque discipline a sa propre difficulté, mais c’est justement ce que j’aime : me renouveler, repousser mes limites.

Comment conciliez-vous votre vie d’artiste et celle de maman ?

Avec son papa, clown au sein du cirque Arlette Gruss, nous faisons en sorte d’offrir à notre fille de six ans une vie la plus stable possible, tout en continuant à vivre de notre passion. J’ai beaucoup voyagé, et rejoindre cette compagnie m’a permis de me stabiliser. D’autant que cette année, le spectacle a une belle énergie, une fluidité évidente. C’est magique !


En avant la musique !

Au cirque Arlette Gruss, la magie ne se limite pas aux prouesses acrobatiques. Elle se situe aussi dans la musique, jouée en live par huit musiciens aussi agiles qu’inspirés.

Trompettiste professionnel depuis vingt ans, Aurélien Deltoro vient des brass bands et des fanfares de village. Après un passage chez Bouglione et un détour par la compagnie Alexis Gruss, il a rejoint l’an dernier l’orchestre du cirque Arlette Gruss pour célébrer les quarante ans de la maison. « Ici, la musique est vivante, au service de la piste, jamais figée », résume-t-il.

À ses côtés, Vincent Andrieux découvre encore ce monde singulier. Saxophoniste habitué aux groupes de variété, il s’essaie pour la première fois à la vie de circassien. Habitant des Landes, il a accepté la proposition d’un collègue trompettiste et s’est lancé. « On vit en communauté. Tout est rythmé par les repas, les répétitions, les instants partagés entre musiciens et artistes, c’est finalement assez proche de la vie de tournée. »

Tous deux font partie des neuf musiciens — quatre cuivres, une rythmique et leur chef — qui composent l’orchestre du cirque… et jouent sans relâche durant les deux heures que dure le spectacle. Pas de partitions déroulées du début à la fin, mais des boucles, des arrêts, des reprises : la musique se plie aux imprévus de la piste. Un animal hésite ? Le chef d’orchestre, Igor, membre du cirque depuis plus de vingt ans, donne une consigne à travers l’oreillette et tous se recalent à l’endroit indiqué. Un clown improvise ? Même combat. L’orchestre est un organisme souple, réactif, entièrement au service du spectacle.

Un supplément d’âme

Cette adaptation permanente exige une concentration extrême… et de l’endurance, quand on sait que le week-end, trois représentations ont lieu chaque jour. « Il faut savoir garder du souffle, ne pas tout donner dès la première », confie Aurélien, enthousiaste.

Notez que la présence de la musique live est une rareté dans le monde du cirque. Et qu’elle transforme l’expérience. « Avec une bande-son, il n’est pas possible de réécrire la partition en direct. Ici, nous pouvons réagir, faire durer une émotion, renforcer un silence. C’est la haute couture face au prêt-à-porter », glisse Vincent. Le public le perçoit sans forcément en avoir conscience. Vous le savez maintenant, vous qui lisez ce texte : cette tension, cette vibration, ce supplément d’âme viennent de la fosse.

Si les partitions sont toutes signées Antony Saugé – compositeur attitré du cirque, il travaille en lien avec Gilbert Gruss – les musiciens participent aux arrangements. Dès septembre, ils répètent et ajustent les partitions pour qu’elles s’accordent à chaque numéro. Un travail d’orfèvre, discret mais indispensable.

Et ainsi, tandis que, sur la piste, les voltigeurs voltigent et que les jongleurs jonglent, huit musiciens participent, note après note, à la magie de l’instant.


Fidèles au chapiteau

Chaque année, Noémie, Véronique et Corentin reprennent le chemin du cirque Arlette Gruss. Pour nous, ils témoignent de l’attachement profond que suscite ce rendez-vous unique.

Noémie, l’émerveillement intact

© Clara C Photographe

À 29 ans, Noémie, patronne du Plantis Café à Nancy, ne manquerait pour rien au monde le rendez-vous avec le cirque Gruss. Petite, elle y allait en famille pour « manger du pop-corn à l’entracte et s’évader tous ensemble ». Un plaisir qu’elle a retrouvé adulte, depuis cinq ans, en compagnie de sa sœur. Ce qu’elle préfère ? « Les numéros où l’adrénaline monte, quand on est suspendu, happé par les acrobaties» La lassitude, très peu pour elle. « À chaque fois, c’est différent, on est émerveillés. » Mêlée à un « public diversifié, très enthousiaste », elle participe à une énergie collective qui nourrit son plaisir et qui explique aussi sans doute pourquoi elle reste fidèle à ce rendez-vous d’évasion qu’offre le cirque Arlette Gruss à chacune de ses escales nancéiennes.

Corentin, la passion sans limite

À 25 ans, Corentin vit le cirque Arlette Gruss comme une passion totale. Fonctionnaire le jour, il devient spectateur assidu dès que le chapiteau s’installe, au point d’aligner ses RTT sur le calendrier nancéien de la compagnie. « J’ai découvert le Cirque Arlette Gruss à l’âge de dix ans à Thionville, l’année des 25 ans du Cirque. » Depuis, il collectionne tout ce qui touche au cirque. Il a même recréé à l’identique (jusqu’aux numéros d’immatriculation des camions !) les installations et véhicules du cirque, version miniature installée dans une pièce dédiée. 

Chaque année, le jeune homme suit aussi l’installation logistique : « Je suis là dès l’arrivée du premier convoi et jusqu’au départ du dernier. » Celui qui a assisté à pas moins de treize représentations l’an dernier photographie et échange avec les artistes, allant jusqu’à se lier d’amitié avec certains. De peur d’entacher la magie, il se refuse à faire de l’objet de sa passion un travail ; il restera un espace d’évasion entretenu avec ferveur, année après année.

Véronique, la magie retrouvée

La fascination de Véronique pour le cirque remonte à l’enfance. « Petite, je rêvais de trapèze et ne loupais aucun épisode de La Piste aux étoiles. » Aujourd’hui, elle poursuit son rituel en s’installant, chaque année, dans les gradins du cirque Arlette Gruss. « J’y allais avec mon fils quand il était petit, il a 25 ans aujourd’hui. » Désormais, c’est avec son mari ou son neveu qu’elle partage l’instant. Ses coups de cœur ? « L’orchestre, car chaque musique jouée correspond parfaitement au numéro », mais aussi « les costumes et les paillettes », flamboyance pourtant éloignée de son propre style, à la fois sobre et chic. Elle cite également « le chapiteau blanc et rouge » et « l’inventivité de chaque spectacle ». « C’est bien fait, il y en a pour tous les goûts. » 

Pour cette spectatrice fidèle particulièrement amatrice des numéros de voltige, l’impatience est de mise.