Au berceau de l’Art déco

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Pierre Le Bourgeois, Façade des Magasins réunis, gouache sur papier, vers 1926 © Nancy, musée de l’École de Nancy, photo. J.-Y. Lacôte

Le Musée des Beaux-Arts de Nancy célèbre le centenaire de l’Art déco à travers une immersion sensible dans la vie nancéienne de l’entre-deux-guerres.

En 1925, Paris devient la vitrine mondiale de la modernité grâce à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, qui révèle au grand jour un nouveau souffle : l’Art déco. Cent ans plus tard, Nancy, acteur majeur de cette aventure fondatrice, en retrace la genèse et les prolongements avec « Nancy 1925. Une expérience de la vie moderne », exposition présentée au Musée des Beaux-Arts du 5 novembre 2025 au 1er mars 2026.

Conçue avec le musée de l’École de Nancy et le Musée lorrain, l’exposition réunit plus de 350 œuvres — mobilier, verrerie, céramique, vitrail, peinture, photographie, cinéma, objets du quotidien — pour raconter la vitalité créative de la cité entre les deux guerres. Pluridisciplinaire, elle évoque la manière dont artistes et industriels ont repensé le cadre de vie à l’aube d’une société de consommation, tout en interrogeant les mythes des « Années folles ».

Visite en trois actes

Le parcours, déployé sur 500 m², s’ouvre sur le Pavillon de Nancy et de l’Est de la France, construit pour l’exposition parisienne de 1925. Véritable manifeste de la modernité lorraine, il associait les savoir-faire de Victor Prouvé, Daum, des Cristalleries de Nancy ou encore de Paul Nicolas, formé chez Gallé. Seuls témoins conservés du pavillon détruit après l’exposition, les dix panneaux décoratifs peints par Prouvé, récemment restaurés, y occupent une place de choix.

La seconde section, « Renouveler le cadre de vie », retrace un demi-siècle de création, du mouvement de l’École de Nancy à l’émergence du design moderne. De Gallé à Jean Prouvé, en passant par Majorelle, Gruber ou Vallin, chaque œuvre illustre cette volonté d’adapter l’art à la vie quotidienne, dans un dialogue constant entre nature, technique et esthétique.

La dernière section, « Nancypolis », plonge le visiteur dans le Nancy de l’entre-deux-guerres, période vibrante d’énergie et d’audace. Meubles, bijoux, affiches, films et objets du quotidien restituent l’esprit d’une époque où l’art s’invite partout : dans les vitrines des Magasins Réunis, dans les cinémas, dans les intérieurs. La ville se transforme, les loisirs se démocratisent, la consommation s’affirme, les femmes gagnent en liberté. Artistes et industriels accompagnent ce mouvement collectif, inventant une modernité qui mêle beauté, confort et progrès social.

Labellisée d’intérêt national par le ministère de la Culture – ce label distingue les projets majeurs présentés en région pour leur contribution au rayonnement culturel et à la valorisation du patrimoine –, l’exposition illustre l’excellence des musées nancéiens et leur capacité à conjuguer rigueur scientifique, innovation et accessibilité. Au-delà de l’hommage, « Nancy 1925. Une expérience de la vie moderne » redonne vie à une époque où Nancy, déjà, inventait l’avenir.

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