Bête de sculpteur !

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L’artiste nancéen Gé Pellini a inauguré, le 26 mai dernier, son taureau monumental sur l’esplanade du Centre Prouvé.

Il est d’un rouge flamboyant. Puissant. Impressionnant. Il trône sur le parvis du centre des congrès Prouvé, en plein cœur du nouveau quartier Nancy Grand Cœur, comme s’il était le maître des lieux. Certains tournent autour d’un air fasciné, d’autres s’approchent et le touchent délicatement. Certains même n’hésitent pas à se déchausser pour le chevaucher. « C’est aussi ça que j’aime ! L’interaction entre l’œuvre et le public » s’enthousiasme Gé Pellini.

Le sculpteur nancéen vient d’inaugurer sa sculpture monumentale : un taureau rouge, que l’on appellera sans doute « le taureau de Nancy ». Trois mètres de long sur deux mètres quarante de haut. Une tonne de bronze. Ça en impose. Cette commande artistique de la ville de Nancy dans le cadre d’ADN « Art Dans Nancy » était une opportunité pour Gé Pellini : « J’avais carte blanche. Et j’étais fier que ma ville natale fasse appel à moi pour une œuvre qui est exposée durablement. Elle fait partie du patrimoine artistique de la ville. »

Poursuivre l’histoire du passé

Sa source d’inspiration : les animaux à cornes. Les rhinocéros et les taureaux, en particulier. Lui qui expose aux quatre coins du monde avoue que cette sculpture a une saveur particulière : « J’aime que mes œuvres contemporaines poursuivent l’histoire du passé. Ici, j’ai appris que les armoiries de Stanislas étaient un bluffe des sables : tout bonnement un taureau sauvage. » Un signe ? « Oui ! Le présent croise le passé pour faire l’avenir ! »

Dans son atelier rue de Nabécor, Gé Pellini en dessine les croquis. Mais c’est à la fonderie d’art Vexlard, située à Rambervillers dans les Vosges, que le bronze est coulé : « Nous avons dû faire quatre pièces de 250 kilos chacune et les assembler. » Puis, à Mirecourt, le taureau prend sa couleur rouge vif : « C’est un thermolacage utilisé dans le mobilier urbain, très résistant. J’ai voulu une couleur vive pour contraster avec l’espace urbain, gris, du quartier Grand-Cœur. Je voulais quelque chose qui pète ! »

Un rhinocéros en Namibie

Le choix du bronze n’est pas anodin : « C’est une matière noble, résistante, qui a fait ses preuves dans le temps. C’est l’un de mes matières préférées, avec le marbre, car on se sent fusionnel avec la matière. » Lorsque vous demandez à Gé Pellini son « style », il répond simplement que c’est le sien : « Je ne cherche pas à entrer dans des tiroirs. Ce qui m’importe, c’est que les gens reconnaissent ma patte avant de regarder la signature. » Ses sculptures sont épurées, où il ne reste que l’essentiel « mais qui doit être juste ». La technique s’efface devant l’artistique. « J’ai beaucoup observé les taureau. J’aime leur plastique. Je les ai dessinés aussi. Mais lorsque je sculpte, je m’attarde uniquement sur mes souvenirs et ma sensibilité. » Il y a quelques semaines, Gé Pellini était à Windhoek en Namibie pour y sculpter un rhinocéros monumental en marbre blanc qu’il a vendu aux enchères. Toutes les recettes ont été versées à la protection des rhinocéros.

« Au moins, à Nancy, je peux voir ma sculpture quotidiennement ! D’habitude je n’ai plus qu’une photo et un point sur la carte ! » s’amuse-t-il. « Aujourd’hui, j’ai fait mes œuvres monumentales préférées : un rhinocéros et un taureau. Je ne dis pas que j’ai fini car j’ai beaucoup de projets en tête, mais j’ai atteint un objectif. »

Pour en savoir plus : gepellini.com

Photos © DR