Stéphane Favier cuisine l’art

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À Metz, des artistes prennent d’assaut les vitrines des magasins abandonnés et exposent temporairement leurs créations. Rencontre avec l’un de ces créateurs itinérants : Stéphane Favier.

Stéphane Flavier est un bourlingueur. Commerce, pâtisserie, il a goûté à bien des métiers avant de se lancer de nouveaux défis dans les domaines artistiques. Le premier, il y a dix-sept ans, a été de se former à la peinture en trompe l’œil à l’école Van Der Kelen à Bruxelles. « J’étais capable de reproduire toutes sortes de choses, respecter exactement les proportions, la lumière, la perspective. Cette formation me correspondait bien », raconte-t-il. Pendant dix ans, Stéphane Favier va donner l’illusion du réelle à travers des fresques murales, intérieures ou extérieurs. Très vite la peinture ne suffit plus. Attiré par les grands volumes, l’artiste créé Decoratheme. Dans le cadre de son entreprise, il élabore des décors grandeur nature pour des parcs d’attractions et autres structures évènementielles. Puis, ultime pari, il se lance dans la création de ses propres œuvres en parallèle de son activité de décoration. Il prend même un pseudo : ZIF.

Au pays des lilliputiens

Toutes ses étapes sont nécessaires pour construire son identité. Artiste ou artisan, Stéphane Favier ne sait quelle épithète choisir : « J’utilise mes connaissances artisanales des matériaux et des processus pour créer des objets ». Les recettes inventées en cuisine font un détour dans ses ateliers : désormais il réalise ses propres recettes de résine pour reproduire à l’identique des éléments de décor comme les rochers. Papier mâché, peinture, il passe d’une technique à l’autre pour composer des pièces ludiques et colorées : ourson gigantesque recouvert de boutons en bois, basket géante aux couleurs « flashy » ou lampes en forme d’œufs au plat. Séduit par les oeuvres de Walt Disney ou de Tim Burton, Stéphane Favier nous emmène plutôt au pays de Gulliver. En regardant ses créations, le spectateur a l’impression d’être un lilliputien. « J’ai un carnet rempli d’inspirations. J’ai plein d’idées et d’envies. Pour ma prochaine série, je voudrais réaliser un cornet de glace renversé », s’enthousiasme-t-il.

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Récupération

L’idée de recouvrir ses œuvres de petites éléments hétéroclites, du mini jouet à l’épingle de costumière, est aussi une marque de fabrique. Pour cela, ses talents de chineur lui sont utiles. Sur l’ourson, il a collé plus de 7000 boutons, sur la basket plus de 10 000 pièces, des touches d’ordinateur récupérées aux minuscules jouets pour enfant. Il doit aussi faire preuve de patience et persévérance dans l’élaboration de ses œuvres : sculpter plus finement les objets de recouvrement pour la basket, passer 70h à poser des épingles colorées sur le crâne inspiré des sculptures aztèques. Au fur et à mesure de ses projets, il dessine les contours d’un univers enfantin, pop et acidulé, dans lequel le spectateur n’entre pas sans s’armer d’un peu d’humour. Stéphane Favier offre un voyage fantaisiste au pays de l’ enfance.

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La vitrine éphémère

Le concept de la vitrine éphémère a été créé il y a un an et demi par Stéphane Favier et deux compères artistes. L’idée : utiliser les vitrines des magasins à l’abandon, entre deux locataires, et mettre en valeur des créateurs locaux. Depuis, la vitrine éphémère s’est développée. Aujourd’hui le collectif compte 35 membres, représentant différentes disciplines : design, peinture, photographie … Le succès pointe le bout de son nez. Les demandes pour faire partie de la Vitrine sont plus nombreuses, deux par semaine en ce moment, et le nombre d’artistes va croître encore. En se regroupant, ils rassemblent aussi les contacts et collaborent les uns avec les autres pour créer des pièces collectives. Stéphane Favier a ainsi pu réaliser une lampe avec un artiste qui travaille le plexiglas. La Vitrine éphémère propose aussi des services tels que des mises en scène de leurs pièces ou des performances live de membres du collectif. En parallèle, leur local, situé   90 rue du XXème corps américain à Metz, ouvre une fois par mois. La prochaine session de découverte de leurs œuvres sera les 25 et 26 avril prochains. Avis aux amateurs d’ art, la Vitrine éphémère va vous ouvrir les yeux.

Pour plus d’infos sur Stéphane Favier et les autres artistes de la Vitrine éphémère : www.vitrineephemere.fr