Mario Gervasi, parachutiste : le messager volant

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Le parachutiste-aventurier,  qui se considère comme un lorrain d’adoption multiplie les exploits pour médiatiser des causes qui lui sont chères. Récemment il sautait sur le pôle Nord avant d’aller soutenir cet automne le Népal. Rencontre avec un homme de passion qui allie la soif d’extrême et le vivre-ensemble.

Il est jusqu’à aujourd’hui le seul parachutiste à avoir sauté sur les deux pôles et l’Everest. Sur terre, Mario Gervasi est militaire de profession, adjudant-chef… dans l’armée de l’air. Autant dire que chez les parachutistes, il a pu au cours de sa carrière mener de front sa passion et un engagement pour son pays. Mais c’est aujourd’hui sur ses temps de congés que Mario Gervasi a choisi de médiatiser ses actions. Des sauts de l’extrême, sur des sites plus ou moins accueillants. Dans l’ambiance glaciale de l’Himalaya, dans la chaleur du Stade de France, sur les plages du débarquement pour le 71ème anniversaire du D-Day, jusqu’au Pakistan où son exploit lui a valu une Fatwa. Une façon pour lui de se mettre en lumière dans une discipline qui reste souvent dans l’ombre.

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A la tête de l’équipe de France militaire de parachutisme, Mario a accumulé les récompenses. Mais dans un sport non olympique, difficile d’apparaître au grand jour.

« J’ai toujours eu envie de réunir le haut et le bas : quand on arrive du ciel, comme c’est le cas en parachute, on peut devenir un messager. C’est comme ça que l’idée m’est venue de défendre plusieurs causes. »

Un des ses premiers sauts à retentissement international a lieu au passage de l’an 2000, à la verticale du point zéro du pôle Sud à la convergence des cinq continents pour délivrer à la jeunesse du monde entier le message de paix du Secrétaire général de l’ONU de l’époque Kofi Annan.

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Quand il s’élance en 2013 en tandem avec Véronique Jeannot pour un saut au dessus du Mont Saint-Michel, c’est pour récolter des fonds pour les enfants du Tibet, lorsqu’il saute avec Marc Kopp atteint d’une sclérose en plaque sur l’Everest, c’est pour médiatiser la lutte contre cette maladie et récolter des fonds. Son dernier exploit : sauter avec un mutilé de guerre, Xavier le Draoullec, sur trois sites extrêmes. Le regard de Mario Gervasi s’est naturellement tourné vers cet ancien militaire, blessé à Beyrouth en 1982 et amputé de la jambe droite. Avec lui il s’est posé le 29 mars dernier sur le pôle nord. « Rien ne s’est passé comme prévu, raconte Mario Gervasi, après de multiples péripéties, un départ en vrille à la sortie de l’avion, c’est finalement une tempête de neige qui nous a bloqué pendant 5 jours, par -40 degrés sous la tente avant de pouvoir être récupérés. » Rien de suffisamment grave pour décourager les deux sportifs de repartir à l’aventure. Le prochain saut se fera au dessus de l’Everest en octobre prochain. L’événement s’accompagnera d’un match de foot avec l’équipe féminine népalaise de Sunakari en présence de plusieurs sportifs de haut-niveau comme Bixente Lizarazu, Claude Makélélé, Teddy Rinner ou Laura Flessel. Le but encore : dans une ambiance de fête, récolter le plus d’argent possible pour les sinistrés du Népal. « Nous devions partir fin juin, mais les conditions de sécurité et la mousson nous ont obligé à modifier la date. Nous créerons donc un double événement en octobre. Après le saut au dessus de l’Everest, aux bénéfices de deux associations qui œuvrent pour aider les blessés de guerre, le match de foot permettra, lui, de collecter des fonds pour les sinistrés du Népal.  Le troisième exploit de Mario et Xavier sera un saut sur le pôle Sud en décembre prochain.

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La bonne cause et la science

Chaque saut de Mario Gervasi permet aussi de faire progresser la recherche. Suivi par le laboratoire de médecine aérospatiale de Bretigny-sur-Orge, le parachutiste permet de réunir des données scientifiques autour, par exemple, de la résistance du matériel et du corps humain au grand froid. C’est aussi grâce à cet environnement scientifique que Mario Gervasi peut s’entraîner à résister à ces difficiles conditions, notamment au service de santé des armées. Une des causes chère à Mario est directement liée aux différentes études scientifiques qui alertent depuis plusieurs années la population mondiale : celle du réchauffement climatique. « J’ai pu constater moi-même la réalité de ce phénomène en sautant plusieurs fois sur le pôle Nord. Il y a 20 ans, il y avait quelques trous  d’eau au milieu de la banquise. Aujourd’hui au même endroit ces trous sont immenses et la glace est fracturée au point de rendre dangereux le fait de sauter. On ne peut d’ailleurs plus sauter dans l’arctique au mois d’avril et mai comme avant. On doit y aller plus tôt et affronter des conditions climatiques difficiles. J’ai peur que dans 10 ans il soit impossible de renouveler un tel saut »

Aventures humaines

Autant d’aventures extrêmes que de rencontres humaines touchantes : c’est là la vraie récompense pour Mario Gervasi. « J’ai pu visiter des sites exceptionnels, mais surtout faire des rencontres qui vous marque à jamais. C’est le cas du Dalaï Lama, que j’ai pu rencontrer à quatre reprises, dont la dernière en mai 2014. Il a pu me confier à ce moment-là – et ça m’a touché – que j’étais en quelques sortes son messager volant. »

Un messager qui a pu également serrer la main du Prince Albert de Monaco ou de Nelson Mandela.

Aujourd’hui Mario Gervasi est ambassadeur du sport pour la paix au sein de l’ONU et de l’UNESCO qui lui a remis  en 2003, la distinction mondiale de l’humanisme sportif. Ils ne sont que 15 au monde à avoir reçu ce titre.

Après 37 ans d’aventures et 11 000 saut, l’heure de la retraite approche pour Mario Gervasi. De quoi nourrir d’autres projets comme celui d’aller s’installer en Jordanie qu’il considère comme une terre de paix. Les contacts sont pris. Les projets ne demandent qu’à éclore…

De grands exploits pour une grande cause

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Créée en février 2015, l’association Les Pôles de l’Espoir incarne les valeurs du sport et du dépassement de soi, et aide les militaires blessés et leurs familles sans oublier les familles des militaires décédés. L’association bénéficie déjà du soutien des ministères de la Défense, de l’Education nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, du secrétariat d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire et du parrainage de deux personnalités au grand cœur Jean-Paul Belmondo et Michel Drucker. Le président de l’association, l’artiste-peintre Charles Castellini met à contribution ses œuvres par l’intermédiaire d’un jeu concours. L’argent récolté permettra de financer l’ensemble des sauts et de reverser les fonds à nos deux associations Terre Fraternité́ et ADO-Entraide Défense. Ce jeu concours ouvre droit à la défiscalisation selon les dispositions légales et règlementaires.

Plus d’infos sur lespolesdelespoir.com