Les métiers d’art vus par Christophe de Lavenne

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Les métiers d’art en Lorraine, Christophe de Lavenne les connait bien et pour cause, il dirige la Mission régionale Métiers d’Art. Sans langue de bois, il a confié son point de vue sur la situation actuelle, en résonnance avec les prochaines Journées européennes des métiers d’art.

A  l’instar des artisans qu’il défend et promeut, Christophe de Lavenne aime les métiers d’art. Pour preuve, sa tasse à café sur le bureau : un petit gobelet en porcelaine de Mélina Szatkowski. Coqueterie ? Snobisme ? Non, juste l’amour des belles choses et des choses bien faites. Car, comme le souligne Christophe de Lavenne, l’objet doit d’abord remplir un usage. Il doit avoir une fonction utile et pratique (une contenance adéquate, des qualités physiques comme contenir un liquide ou avoir un bord fin) mais aussi une fonction esthétique. C’est l’alliance des deux qui détermine les métiers d’art. Sinon, vous êtes simplement artiste, ou simplement technicien. Allier les deux aspects n’est pas si simple.

Un savoir-faire

« Les métiers d’art peuvent faire partie de notre quotidien. Mais comme leur nom l’indique, ce sont avant tout des métiers, et comme tout métier, ils s’apprennent » rappelle Christophe de Lavenne. Pas de métiers d’art sans technique. Beaucoup y viennent en reconversion (environ les 2/3), après les avoir découvert au cours de loisirs créatifs, mais sans passer par la case formation. Ce sont souvent des drames, car le savoir-faire est de facto, très limité. Comme le souligne Christophe de Lavenne, il n’y a ni mystères ni hasard dans les métiers d’art. Simplement des techniques à connaitre et à maîtriser, des phases souvent longues à respecter… d’où un certain coût de fabrication. « Mais la technique n’est pas tout, il faut aussi de la sensibilité. Il faut croiser l’artisan et l’artiste pour faire naître un artisan d’art » !

Les métiers d’art sont présents partout en Lorraine

Pour Christophe de Lavenne, il est essentiel que les Journées européennes des métiers d’art [JEMA] se déroulent dans les quatre départements. Déjà « parce que les artisans d’art sont présents partout. Et puis, outre Nancy, on les trouve surtout dans des petites villes : Mirecourt, Neufchâteau, Sarreguemines, Liffol ». Bien sûr, il y a une tradition historique dans le domaine du verre, du cristal, de la faïence mais aussi du bois. « On oublie que Liffol est la première région française de production de mobilier haut-de-gamme, parce qu’il y a une savoir-faire exceptionnel » rappelle Christophe de Lavenne.

Métiers d’art : un choix

C’est un choix double : on peut choisir d’en faire son métier, comme on peut choisir d’acheter une production d’artisanat d’art. « Acheter métier d’art, comme le martèle à raison Christophe de Lavenne, ce n’est pas une question de prix, c’est un choix ». Le choix de soutenir sa région, de soutenir des savoir-faire ancestraux toujours en mouvement et en innovation, de faire aussi une démarche de développement durable. Les matières premières (bois, pierre) sont souvent issues des environs et usées avec parcimonies. On est loin de la société de consommation et de gâchis.
Les métiers d’art sont d’une grande richesse. Qu’ils œuvrent dans la tradition, la restauration ou la création contemporaine, ils usent tous d’un même langage. La Lorraine est chanceuse, car elle compte plus de 1 000 ateliers d’art, dont près de 210 seront ouverts lors des prochaines JEMA.

« Les JEMA sont avant tout des journées de rencontre. Il faut oser pousser les portes des ateliers et désacraliser certaines professions. Il ne faut pas les mettre sur un piédestal inaccessible. Il faut remettre du lien entre un public qui a peut-être désappris les métiers d’art et ceux qui fabriquent un beau quotidien ! ».

Alors, faite vous-aussi ce choix !