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Édito

Rossignols d’automne

« La Raison parle mais l’Amour chante » clame Alfred de Vigny. Place donc au chant, et à l’amour de la musique, dans ce nouveau numéro de Lorraine Magazine. L’Automne descend lentement sur nos épaules et bientôt l’hiver, qui soufflera sa froideur sur toute chose. Mais les cordes vocales des 2 000 Choristes ont été épargnées par cette triste rigueur. Depuis plusieurs mois, qu’il neige, qu’il vente, ils affrontent sans relâche la morosité par un chant aux accents d’éternel printemps. Les 23, 24 et 25 octobre, ils reviennent sur la scène du Galaxie d’Amnéville pour réchauffer nos cœurs, emmitouflés dans la nostalgie des rayons du soleil, et nous rappellent la belle saison.

Mais pourquoi séparer si cruellement la raison du chant ? La Fête de la Science bouscule les conventions et les frontières du 7 au 11 octobre. Qui a dit que les scientifiques ne pouvaient pas chanter. Ils le feront à leur manière en gazouillant les louanges de leurs disciplines chéries au grand public. Ce dernier pourra aussi jouer les chercheurs et découvrir le monde sous un jour nouveau. Parmi les manifestations participant à cette célébration de la raison, la Folle Journée de l’Architecture pose sa pierre à l’édifice en glissant le public dans les chaussures d’un architecte.

D’un chant à l’autre. Celui engagé et visionnaire des artistes « Art Nouveau » s’élève dans une exposition du Musée des Beaux-Arts, rassemblant 200 pièces autour du thème « l’École de Nancy face aux questions politiques et sociales de son temps ». Un chant politique donc. Celui de Gallé intégrant dans son œuvre les tourmentes de l’affaire Dreyfus et de Dreyfus lui-même. Celui des artistes  de l’École de Nancy qui, tout en cherchant à atteindre la grâce, aspirent aussi à un art total, s’emparant des champs politiques, sociaux et esthétiques. Cette exposition tombe au moment même où Nancy s’apprête à célébrer son patrimoine Art Nouveau. Tout au long du mois d’octobre, plusieurs circuits nous ouvrent les yeux sur les richesses insoupçonnées de la ville en la matière. En passant place Stanislas, sur la route du Musée des Beaux-Arts, les jardins éphémères vous attendent. Eux fredonnent une autre mélodie, un air du futur secouant les feuilles d’un jardin connecté.

Et puis la musique change de cadence. Le chapiteau se lève. Les artistes revêtent leurs costumes de scène, maquillent leurs visages de couleurs criardes. Avec le festival Michtô, c’est un peu du chant de Paillasse, composé par Leoncavallo, qui prend corps. « Revêt ton pourpoint, et enfarine-toi le visage », vocalise le triste clown avant son spectacle. Les chansons de Michtô seront sûrement plus gaies, bien qu’elles commencent par le même rituel. Mais elles nous berceront encore dans nos rêves, étoilés de souvenirs de spectacles fous ou doux, drôles ou sucrés-salés… La vie est un chant. Il suffit de tendre l’oreille.