Les jardins en paliers

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Au jardin, il est commun d’aménager les pentes en paliers. À condition de ne pas rechigner à la tâche car la besogne est généralement ardue.

Si les buttes et les talus apportent un relief bienvenu sur lequel il est intéressant de s’appuyer pour créer du volume dans le jardin, les pentes raides ne sont en revanche pas un cadeau pour le jardinier. L’érosion y est forte et l’entretien en est pénible. La création de paliers résout généralement tous ces problèmes, tout en apportant une véritable plus-value esthétique. Mais attention, il s’agit souvent de gros chantiers, plus proches du terrassement que du jardinage !

Un bien commun de l’humanité

Les paliers (également appelés terrasses ou restanques) correspondent à une technique très ancienne d’aménagement paysager qui consiste à transformer un terrain en pente en une série de replats horizontaux. Ces surfaces planes, plus ou moins larges, qui semblent former les marches d’un escalier géant, permettent depuis des millénaires aux populations paysannes de gagner des zones cultivables sur des terrains à l’origine impropres à l’exploitation agricole car trop inclinés.

Efficace et chic

Outre le fait qu’ils permettent de dégager des zones planes, accessoirement plus grandes que celles occupées à l’origine par la pente (c’est mathématique…), le grand intérêt des paliers réside dans leur capacité à stopper l’érosion due aux ruissellements des pluies en favorisant l’infiltration de l’eau. Les jardiniers ont repris cette méthode à leur compte pour aménager les terrains à forte déclivité qui sont souvent compliqués à végétaliser et à entretenir. C’est devenu une technique paysagère courante qui a le chic d’introduire des matières nouvelles dans le jardin. En effet, les soutènements tiennent un rôle central dans l’esthétique générale de ce genre d’aménagements.

Travaux d’Hercule, mode d’emploi

Pour créer des paliers, on part du haut vers le bas de la pente en creusant dans la butte du côté de l’amont et en évacuant la terre du côté de l’aval, avant de recommencer plus bas. Le flanc de terre vertical mis à jour est ensuite solidifié avec un soutènement de type enrochement, mur en pierre ou poutre en bois, destiné à retenir la terre et séparé d’elle par un drain de ballast. C’est l’inclinaison et la longueur de la pente qui induisent le nombre et la hauteur des paliers à faire (c’est encore mathématique…), sachant qu’il est rare dans un jardin que ceux-ci dépassent deux mètres de haut. On l’a compris, entre les travaux de terrassements et ceux de soutènement, hormis le cas des petits paliers de faible gabarit, il s’agit d’une intervention lourde qui nécessite le recours à du matériel de BTP.

De bonnes dispositions

Au jardin, les paliers doivent être faciles à arpenter, à cultiver et à entretenir. On les relie entre eux avec des escaliers que l’on place en quinconce dans les zones ornementales, pour encourager le visiteur à la balade, et plutôt en enfilade dans les zones potagères, pour faciliter les allées et venues. Il est important de prévoir, en bout de paliers, des rampes d’accès qui permettront le passage de la brouette et des machines. Malgré ces dispositifs qui relient les terrasses entre elles, la pente reste bien sûr présente et les jardins en paliers sont connus pour essouffler les jardiniers. Il est donc important de s’y organiser intelligemment, en plaçant notamment le tas de compost dans les parties hautes, car il est plus facile de monter la pente avec une brouette vide et de la descendre avec une brouette pleine (c’est toujours mathématique).

Plus chaud !

Les soutènements, surtout s’ils sont en pierre, permettent d’emmagasiner la chaleur du soleil durant la journée et de la restituer durant la nuit. Ainsi, lorsqu’il est orienté au sud, un jardin en paliers permet de cultiver des plantes légèrement plus sensibles au froid qu’ailleurs. Benoit Charbonneau

Photos © iStock / City Presse, DR