L’amour à la mode russe

331

Du 6 au 15 février, le grand Rachmaninov s’invite place Stanislasà l’Opéra national de Lorraine. Avec « Aleko » et « Francesca da Rimini », deux de ses compositions lyriques, il dévoile au public nancéien une facette peu connue de son œuvre.

Les Rita Mitsouko nous avaient avertis en 1986 : « les histoires d’amour finissent mal en général ». À l’opéra, cette thèse se révèle très souvent, voire toujours, vraie et les deux œuvres lyriques de Serguei Rachmaninov, « Aleko  » et « Francesca Da Rimini », ne font pas exception. Dans la première, Rachmaninov dépeint en notes les noces maudites entre Aleko, jeune citadin gadjo [N. d. A. : non Tzigane en romani], et la belle Tzigane Zemfira. Joué pour la première fois en 1893 au théâtre du Bolchoï à Moscou, l’opéra s’inspire d’un poème de Pouchkine, « Les Tziganes » et brosse avec vivacité le portrait quotidien d’une communauté de Bohémiens : « Tout est pauvre, brisé, sauvage, mais si instable, si vivant ! » Issus d’univers si différents, les amants finiront par se déchirer. Écrit plus tard, entre 1900 et 1905, « Francesca Da Rimini » mène les spectateurs jusqu’au troisième cercle de l’Enfer de Dante.

Amants magnifiques

Purcarete Silviu 2012 (1)Dans ce lieu triste et lugubre, Francesca Da Rimini et Paolo Malatesta se lamentent car ils se sont aimés et n’en avaient pas le droit : Francesca est l’épouse du frère de Paolo. Chacun à leur manière, les deux opéras ravivent avec la flamme du romantisme russe ces amours tragiques mais magnifiques. Déjà venu à Nancy pour diriger « Turandot » puis « Nabucco », Rani Calderon s’applique à faire découvrir au public ces deux témoins discrets d’une part oubliée de l’œuvre de Serguei Rachmaninov. Plus connu pour ses compositions pour orchestre, celui-ci s’essaya pourtant en trois occasions au lyrique. Et à la mise en scène, le magicien Silviu Purcarete, après avoir captivé la scène nancéienne avec l’éblouissant « Artaserse » de Vinci – nominé aux Opera Awards en 2013 – entraînera le public dans deux rondes : celle colorée et féérique de l’univers tzigane ou celle plus sombre et terrible de l’Enfer dantesque. Cœurs sensibles, préparez vos mouchoirs.

Opéra national de Lorraine, 1 rue Sainte-Catherine, Nancy.

publi-reportage