Expo « Regarder » jusqu’au 6 sept. Poirel en met plein la vue

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La nouvelle exposition de la galerie Poirel vaut le coup d’œil. L’affiche de «Regarder » ne prend d’ailleurs pas de détour, bombardant sur le visiteur une orbite oculaire hypnotique. Née de la collection d’un designer graphique internationalement reconnu, Vincent Perrottet, l’exposition n’ambitionne rien d’autre que de donner à voir la diversité des créations d’une discipline artistique à la frontière de la communication : affiches et autres objets principalement des trente dernières années. Les noms d’artistes ne sont pas vraiment connus, mais commencent à l’être. A vous de les faire rentrer dans l’histoire de l’art…

La première impression est assez déroutante : dans l’exposition « Regarder » on ne sait pas ou poser le regard, tellement il y a d’affiches. Il faut dire que la collection de Vincent Perrottet joue dans la cour des grands : ce graphiste en possède près de 4000. Il y a bien longtemps qu’il a arrêté de les compter. Beaucoup de ces affiches sont sagement rangées dans des tubes de cartons, à la campagne. Une partie voit la lumière régulièrement et toutes ont été ressorties à l’occasion de cette expo originale.

Perrottet

« Il ne s’agit pas d’une collection compulsive, explique Vincent Perrottet, j’ai commencé par collecter les images des gens que j’aimais bien, mes maîtres ou des personnes avec qui je travaillais. Pendant des années, je suis allé à leur rencontre dans leurs ateliers et j’ai tissé des liens d’amitié ou confraternels permettant la constitution par dons d’une grande collection d’art graphique. Aujourd’hui encore, quand je fais l’acquisition d’une nouvelle affiche, c’est qu’elle me plaît vraiment ».

De cette collection restée trop longtemps secrète, Vincent Perrottet soulève enfin une part du voile. Avec des étudiants de l’école nationale d’art de Nancy et Jean Schneider, scénographe de l’exposition, s’est opérée une sélection de 450 images. C’est la première fois qu’une telle quantité est exposée. « Il n’existe pas encore en France de lieu dédié aux arts graphiques, même si Beaubourg commence à ouvrir la voie, avec une expo d’une partie de sa collection d’arts graphiques bientôt dans la fosse, explique Vincent Perrottet. Je suis donc heureux de saisir cette occasion. »

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Affiches de spectacles, affiches politiques, de nombreux thèmes sont abordés. L’exposition se veut délibérément accessible à tous et simple : « Nous avons voulu en faire une hommage joyeux à la diversité et à la richesse de la création contemporaine », ajoute Jean Schneider, qui a voulu recouvrir les murs de la galerie Poirel « à la façon dont les peintres romans recouvraient de leurs fresques les églises et chapelles de l’époque.

L’espace généreux de la galerie Poirel permet un accrochage spectaculaire par le nombre de pièces proposées et par leur qualité. Certains auteurs ont développé des séries qui, rassemblées, forment des pièces de grande taille.

Le visiteur n’est absolument pas guidé dans sa déambulation : il en sort une impression de liberté et de facilité. La profusion ne cherche pas à épuiser l’attention du visiteur : on peut autant survoler une affiche que se laisser prendre dans ses détails de composition.

Les lieux sont configurés de telles sorte à imposer un retour sur ses pas, que le scénographe envisage comme une possibilité de redécouvrir sous un autre angle la même exposition.

Considérées par leur collectionneur comme les bijoux des affiches des trente dernières années, elles sont à approcher comme des œuvres d’art. Pour Vincent Perrottet, « ces affiches véhiculent un message qui certes n’existe plus, mais en tant que telle elles sont éternelle par leur qualité artistique. » Au passage, le graphiste déplore que la plupart des affiches que l’on voit dans la rue soient à ce point stéréotypées, indigentes, tristement issue de la faible imagination de boîtes de communication ou de publicité. Comme la photo, qui a trop longtemps été privée de ses vertus artistiques, l’art graphique commence sa lente mue vers la respectabilité. L’exposition « Regarder » a pour vocation d’en être une première étape…

Regarder, une collection d’art graphique contemporain. Du 10 avril au 6 septembre Galerie Poirel – 3, rue Victor Poirel. Plus d’infos sur poirel.nancy.fr