Les galeries aquarium de Nancy

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Ces galeries sont l’une des facettes les plus connues du Muséum-aquarium nancéien, mais qu’en connaît-on réellement ? VivreNancy a décidé de chausser masque, palmes et tuba, et de partir à la rencontre du « Monde du silence » en plein cœur de la Lorraine.

Au préalable, il convient de s’arrêter sur un point qui a toute son importance. Certains pourraient s’étonner que l’article s’intitule « Les Galeries aquarium » et non simplement « L’aquarium ». Cette (nouvelle) appellation est voulue par le MAN (Muséum-Aquarium de Nancy). Pierre-Antoine Gérard, son sympathique et dynamique directeur, nous rappelle pourquoi. Historiquement, le muséum fut créé en premier en 1933, suivi une quarantaine d’années plus tard par l’aquarium. Au fil du temps, il est vrai que le Muséum – à la présentation assez défraichie – céda petit à petit le pas à l’aquarium dans le cœur des Nancéiens. Heureusement, depuis les grandes rénovations et sa réouverture en 2005, les Nancéiens ont redécouvert leur muséum en plus des aquariums. Appeler ces derniers « Galeries aquarium » permet de se souvenir qu’elles restent étroitement liées au riche muséum installé au premier étage !
Sitôt les portes de Jean Prouvé franchies, on remarque qu’il y a toujours des visiteurs. En effet, la fréquentation du MAN est à l’image de la diversité des poissons qu’il renferme : impressionnante. Il y a toujours du mouvement, ce qui rend les visites plus agréables et plus vivantes. Les 85 000 visiteurs annuels ne s’y trompent pas en venant découvrir les trésors exotiques ou locaux qui s’offrent à leurs yeux. Fermez les écoutilles et plongeons maintenant au cœur du MAN !

Du Tropical

Dans les deux grandes galeries qui se déploient de part et d’autre de l’entrée, les visiteurs peuvent contempler une soixantaine d’aquariums où évoluent des poissons chatoyants et des coraux rutilants. Peu se soucient de l’important travail quotidien que réclament pourtant ces trésors marins. Une équipe de quatre personnes est chargée tous les jours (y compris fériés) de veiller à la bonne qualité des eaux ou de nourrir les différents pensionnaires. L’eau de mer est fabriquée sur place, à partir d’eau du robinet (« une chance, l’eau de Moselle est douce » souligne le directeur Gérard) et de sel marin synthétique enrichi en vitamines et minéraux, produit en Moselle. « Cette proximité de fournisseurs répond à nos démarches éco-environnementales » nous précise Pierre-Antoine Gérard. Un discours interne qui cadre bien avec le message affiché au MAN : respecter la nature et sa biodiversité. La nourriture est des plus variées (chaque espèce a ses besoins spécifiques) et va des petits pois – brocolis à des proies vivantes pour les carnassiers en passant par le plancton produit sur place. Il y a même quelques poissons congelés pour les plus gros prédateurs (et il ne s’agit pas de l’équipe de conservation !).

Les poissons électriques

Ces poissons sont de vraies stars. Tout Nancéien qui se respecte connaît (sinon, il faut courir à l’aquarium) l’horloge à poisson. Le principe de ces poissons électrogènes – littéralement « générateurs d’électricité » – est simple : ils possèdent des cellules spéciales, les électrocytes, qui leur permettent de créer des charges électriques. Certaines espèces comme le Gymnarque, aux charges très régulières, permettent de faire fonctionner une horloge avec une précision redoutable. Les poissons électriques sont cependant très sensibles à la qualité de l’eau, et la moindre pollution déstabilise la fréquence de leurs signaux électriques. Forts de ce constat, des chercheurs nancéiens ont mis au point un détecteur industriel de pollution des eaux de captage : c’est le Gymnotox. Ces poissons électriques nous rendent donc bien des services.

Limules et nautiles

Ils sont –à tort– qualifiés de « fossiles vivants » du fait de leur origine très ancienne, mais contrairement à l’idée reçue, ils ont évolué au cours du temps, et la comparaison avec des fossiles le prouve. Les limules, dont il subsiste cinq espèces, sont plus proches des araignées que des crustacés. Leur sang bleu (dû au cuivre) est abondamment utilisé dans les laboratoires médicaux. Chaque année, près de 500 000 limules subissent une « prise de sang » avant d’être remises à l’eau. Leur sang a la particularité de coaguler en présence de certaines bactéries comme les salmonelles. Une grande aide de la part d’une « relique » !
Vous l’aurez compris, le MAN et ses 300 espèces attentent votre visite. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges : du poulpe joueur à la rascasse-poule, des labres au poisson-ballon, du célèbre poisson-clown à l’hippocampe, des étoiles de mer aux bénitiers, ce sont toutes les merveilles des mers et océans (sans oublier les rivières) qui s’offrent à vous, tout en ayant les pieds au sec !

Muséum-Aquarium de Nancy • 34 rue Ste-Catherine • www.museumaquariumdenancy.eu
Ouvert tous les jours de 10h à midi et de 14h à 18h. Fermé les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
 

Jusqu’au 30 avril se tient la superbe exposition De crépuscule en crépuscule. Vincent Munier, photographe lorrain, et Pierre Pelot, écrivain vosgien, nous emmènent dans un voyage aux ambiances crépusculaires rares et singulières, de la Lorraine à la toundra norvégienne, des incroyables paysages éthiopiens aux neiges nordiques. Si les confins de la terre sont explorés, la démarche reste la même : saisir l’évanescence d’un moment. Nos sens sont dans un éveil permanent, et ce que l’on prendrait pour un renard se révèle un loup d’Abyssinie.
L’exposition est belle, et l’on sent la profonde coopération qui a régné entre le photographe et le MAN. Comme toujours, l’exposition est aussi très didactique, et la présentation de spécimens de la faune lorraine achève intelligemment le parcours, tout comme la liste (non exhaustive) du matériel du parfait photographe animalier ! Les deux mots-clefs finaux, respect et discrétion, sont à méditer, car ils dépassent amplement le cadre de la photographie animalière : n’est-ce pas la règle d’or à appliquer à la Nature ?