Cap sur les Terres de Jim

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Veaux, vaches, cochons… Nul besoin d’attendre le salon de l’Agriculture en février-mars à Paris pour voir ce qui, demain, sera dans notre assiette. Les Terres de Jim, une manifestation d’envergure nationale, pose ses moissonneuses en Moselle du 11 au 13 septembre prochains et propose de vous faire découvrir le monde agricole avec un œil neuf. 

Les Finales Nationales de Labour font la tournée des régions françaises depuis soixante ans. Cette compétition sportive, née de pratiques agricoles ancestrales, a fait récemment peau neuve et changé de nom pour devenir « Les Terres de Jim ».

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Portée par le syndicat des Jeunes Agriculteurs, la deuxième édition de cet évènement s’installe en Moselle, sur la base aérienne 128 de Marly-Frescaty. Cette dernière a pendant longtemps été le terrain privilégié d’activités militaires et a accueilli jusqu’à 3 000 personnes. Fermée définitivement en 2012, elle rouvre ses portes pour la première fois au public avec les « Terres de Jim » et s’apprête à recevoir, cette fois-ci, les 100 000 promeneurs espérés par les organisateurs.

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Qui est donc ce Jim ?

Mais la manifestation ne se limite pas à un simple concours dédié aux professionnels. Elle permet aux  visiteurs de prendre contact et de mieux connaître les spécificités des cultures et élevages locaux, tout en s’amusant. C’est avec cette idée en tête que le syndicat des Jeunes Agriculteurs a décidé en 2014 de transformer les Finales Nationales de Labour en évènement grand public représenté par une nouvelle mascotte : Jim Bataille. Avec un nom digne d’un western « hachis Parmentier », version française du filon « spaghetti » cher à Sergio Leone, ce petit personnage blond comme les blés est là pour affirmer les valeurs propres à ce grand rassemblement : « un avenir meilleur  […], réfléchi et construit avec le monde agricole ».

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À vos marques, prêts, partez !

Du 11 au 13 septembre, toutes les régions françaises seront présentes sur les 150 hectares des 378 que compte Marly-Frescaty. Outre la Finale Nationale de Labour tant attendue, les spectateurs pourront aussi assister à différentes démonstrations et plusieurs concours. Présentation de tonte et de tri d’animaux, de races bovines, comme les Rouges des près, équines ou de chiens de troupeaux,  concours interrégionaux de génisses Prim’Holstein et de vaches limousines, des tontes de moutons et tant d’autres temps forts feront le bonheur des amoureux des animaux. Les esprits sportifs se prendront au jeu du « moiss’batt’cross », course de moissonneuses-batteuses, ou même rejoindront la mêlée en participant à des activités diverses comme des jeux médiévaux, du tir à l’arc, du rugby ou de l’escalade. Les plus courageux iront se perdre dans un immense labyrinthe de maïs étendu sur 10 000 m2.

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Cultiver la curiosité

Les « Terres de Jim » offrent non seulement un aperçu de l’agriculture d’hier et d’aujourd’hui mais elles permettent aussi de se projeter dans le futur. Avec un pôle dédié aux vieux métiers, les batteuses et lieuses d’antan se rappelleront aux souvenirs du public. Pour les scolaires, des ateliers ludiques et pédagogiques feront le tour des productions animales et végétales. Un marché du terroir, baptisé « les Halles de Jim », explorera les saveurs de la terre et de sa culture. Et l’avenir se matérialisera quant à lui dans des présentations d’agriculture de précision (comme l’utilisation de drones ou celle de coordonnées GPS). De la force des machines au savoir humain, l’évènement est là pour rappeler que le monde agricole est bien plus riche que ce qu’il peut paraître. Les Jeunes Agriculteurs s’efforcent en tout cas de dévoiler un autre pan de leur métier et cassent au passage quelques clichés. À eux de labourer leurs champs, à nous de cultiver notre curiosité !

Programme complet des « Terres de Jim » et informations pratiques sur le site lesterresdejim.com

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Les Terres de Jim en Moselle : « notre dynamisme a payé »

Pour cette 2e édition des Terres de Jim, la section mosellane du syndicat des Jeunes Agriculteurs se prépare depuis deux ans. Membre du bureau JA 57 et responsable communication, Philippe Houpert revient avec nous sur cette aventure collective.

L’année dernière, pour la première édition, Saint Jean d’Illac (Gironde) accueillait les festivités. Cette année, la Moselle s’y colle. Comment la sélection s’est-elle déroulée ?

D’abord, chaque département peut être candidat. Il faut présenter pour cela un dossier au JA national. Pour être sélectionné, certains critères doivent être remplis. Le plus important est de maîtriser un lieu suffisamment important car il doit correspondre à 150 terrains de football. Par ailleurs, le lieu doit être près d’une ville, à proximité des accès de communication (TGV, aéroport, autoroute). La base de Marly-Frescaty était donc l’endroit idéal et sans doute un des points forts de notre projet. Mais il y a eu d’autres facteurs déterminants. En plus de soixante ans, la Moselle n’avait jamais été choisie pour accueillir les Finales Nationales de Labour. Et puis, je le crois, la motivation et le dynamisme de notre équipe ont payé : nous avons prouvé que nous étions soudés et préparés à travailler d’arrache-pied afin d’organiser une manifestation à la hauteur des attentes.

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Pourquoi était-il nécessaire de dépoussiérer le concept des Finales Nationales de Labour et de changer leur nom en « Terres de Jim » ?

À l’origine, elles constituaient surtout une rencontre de professionnels. De plus en plus, nous essayons de nous ouvrir sur le monde ; nous en avons besoin. Avec les « Terres de Jim », nous tentons d’imposer une marque à laquelle les gens peuvent s’identifier. Tout est fait pour rendre le monde agricole plus attractif et moins distant. En outre, cela nous permet de parler de nos productions régionales, de faire voir aux consommateurs ce qui se fait près de chez eux. En Gironde, il y avait beaucoup de maraichage et de viticulture. En Moselle, les visiteurs auront d’autres surprises.

Depuis plusieurs années les agriculteurs connaissent des difficultés croissantes. Cette année, ils ont fait entendre leurs voix plus fortement. Les Terres de Jim vont donc se dérouler dans un climat particulier. Est-ce que cette actualité a pu influencer l’organisation de la manifestation ?

Non car le projet s’est mûri il y a deux ans. Et puis le but est vraiment de montrer ce que nous réalisons et comment nous le faisons. Nous mettons l’accent sur une variété de métiers et de filières, du produit brut, à peine récolté ou recueilli, à sa transformation. Cette manifestation n’est pas politique. Elle est destinée au grand public, pas à une frange de professionnels.

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Cela étant, vous avez tout de même une volonté de présenter la richesse d’un terroir et la diversité du monde agricole, changer l’image de l’agriculture auprès du public…

Oui, c’est vrai. Personnellement, je ne me suis jamais reconnu dans la vision que certains médias ont de nous. Il arrive que les agriculteurs se sentent stigmatisés, voir agressés par l’image qui est donnée d’eux. Pour cette raison, les « Terres de Jim » sont un évènement positif car il nous montre tel que nous sommes réellement.

Qu’est-ce qui vous différencie d’autres évènements nationaux comme le salon de l’agriculture à Paris, la « grande messe » agricole annuelle ?

Les « Terres de Jim » sont générées, organisées uniquement par des agriculteurs. Le salon de l’agriculture est quant à lui mis en place par des professionnels de l’évènementiel. La manifestation est aussi plus commerciale ; tout le monde vient y vendre un produit. Ici, nous voulons par-dessus tout que le public s’amuse, découvre, passe du bon temps. Les partenaires présents doivent par exemple tous préparer une animation. Cela n’a rien à voir. Nous souhaitons créer des moments chaleureux en famille ou entre amis. Propos recueillis par Pauline Creusat