Poirel en zones de confort

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Philippe Starck Tabouret W.W., 1991 FNAC 07-489 / CNAP © Philippe Starck
Philippe Starck Tabouret W.W., 1991 FNAC 07-489 / CNAP © Philippe Starck

C’est une exposition atypique que propose la Galerie Poirel à partir du 21 novembre. Comme si le visiteur était invité dans une curieuse demeure pour une déambulation au milieu d’objets phares du design en Europe. Plusieurs espaces appellent à la réflexion sur le thème du confort et plus largement sur notre environnement domestique.

Bien malin qui pourrait donner une définition satisfaisante du mot confort. Généralement, on le décrit comme un « état de commodités et de bien-être qui approche du plaisir et auquel tous les hommes aspirent naturellement ». Mais le confort reste insaisissable.

Pour tenter d’y voir plus clair, l’exposition propose d’aborder différentes facettes du « confort » ; une notion si omniprésente dans la pratique et la théorie du design qu’elle en devient presque insaisissable.

En choisissant d’exposer une centaine d’objets phares du Fonds national d’art contemporain, l’une des plus importantes collection de design en Europe, la Galerie Poirel propose un cheminement, une réflexion.

Fauteuil short rest (2) Fauteuil Véranda Radio Boa

Objets familier ?

Majoritairement conçus pour apporter satisfaction à nos corps et à nos esprits, les objets présentés témoignent de nos activités et de nos préoccupations domestiques. Sous une apparente familiarité, l’exposition incite à reconsidérer la particularité des formes et parfois des usages, qui établissent notre environnement. Des pièces fabriquées en grande série, « mises en produit » standardisées du confort, côtoient des œuvres qui malmènent les typologies traditionnelles. « Zones de confort » est ainsi le reflet de deux postures complémentaires du design : élaborer des solutions et formuler des critiques.

Pour guider le visiteur dans sa découverte et sa réflexion, l’exposition a pris le parti de cloisonner la galerie en plusieurs espaces, comme s’il s’agissait d’une maison. Car chaque objet s’inscrit avant tout dans un contexte, en design plus encore qu’ailleurs.

Curieuse demeure à visiter

Le visiteurs commence donc par parcourir l’Office. Cet espace est rempli de produits fonctionnels, offre l’image du « confort moderne », celui des commodités matérielles destinées à améliorer la vie quotidienne de l’utilisateur en le soulageant d’activités pénibles. On y découvre les créations de grands designers comme le britannique Sebastian Bergne, le français François Brument ou le japonais Naoto Fukasawa. On en ressort avec une question : entre innovations révolutionnaires et gadgets techniques, ces appareils libèrent-ils nos emplois du temps ou le contraignent-ils sournoisement ? Qui dicte le conformisme formel de cette mécanisation du confort ?

Pour suivre, quelques pas dans la Réception. Elle se présente comme un vaste salon, garni de meubles destinés à l’accueil des corps au repos, en quête d’apesanteur. Les assises et les canapés qui la garnissent répondent à cet enjeu ergonomique et social. La variété des positions permises traduit les évolutions des normes de « la bonne tenue ».

Plus loin, l’Aire de jeux rassemble des pièces qui échappent au strict fonctionnalisme pour se placer du côté du divertissement et de la dérision.Le confort est aussi ce qui plaît aux sens et divertit l’esprit, ce qui réconforte. Voilà donc une réunion d’objets amicaux qui n’imposent pas leur mode d’emploi mais au contraire se défont des codes pour ouvrir vers de nouvelles situations. La question à cet endroit :  le confort ne réside-t-il pas dans la liberté d’user des choses ?

Enfin, l’Antichambre bouscule notre représentation du bien-être en révélant certaines inquiétudes contemporaines. Étranges, voire inquiétants, les objets se font ici l’écho d’une société précaire, tourmentée par l’imaginaire de la catastrophe.

Entre ces espaces, une curiosité comme une pause hors du temps : bienvenue dans l’Ecouteur, conçue par Laurent Massaloux et Jean-Yves Leloup. Là encore, le design se met au service d’une activité : l’écoute de la musique. Comme dans une salle de cinéma, l’auditeur est libre de choisir sa place et sa position, il n’y en a pas de préférables à d’autres. Cette conception induit une écoute immersive et spatialisée, une expérience active de la part du visiteur.

Durant l’exposition « Zones de confort », L’Écouteur permet l’écoute d’œuvres récentes — issues de la collection du Cnap — de Biosphère, Stéphane Thidet, Rodolphe Burger, Philipe Katerine, Radiomentale, Chloé Thevenin, Ramuntcho Matta, Laurence Weiner, Melik Ohanian, Rainier Lericolais, Lee Ranaldo et Leah Singer.

Zones de confort, Galerie Poirel à Nancy. Du 21 novembre 2015 au 17 avril 2016. Visites commentées chaque samedi à 16h.