Barzingault : « je suis un trublion »

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Derrière des répliques pleines d’humour, Barzingault parsème ses chansons d’une sensibilité à la Prévert, pleine d’un esprit enfantin. En entretien, il sait déstabiliser par des citations choisies de ses maîtres à (dé)penser : Desproges, Guitry ou Flaubert. Et quand ses références viennent à manquer, il transforme Frank Ribéry en philosophe superbe. Entretien survolté avec un drôle de zig.

Desproges, Higelin, Brassens… Ce sont les références que vous donnez pour décrire votre univers. Que partagez-vous avec eux ?
Je me sens proche d’eux à des degrés différents. Jacques Higelin est un peu comme un père. Adolescent, j’ai appris le piano en écoutant ses chansons et en essayant de les rejouer. Brassens est un génie de l’écriture. Il a écrit plus de cent cinquante textes sans jamais s’essouffler ou être redondant. Dans un registre différent, j’adore la plume et l’univers de Thomas Fersen. Brel, lui, est le pape de l’émotion. D’ailleurs, je n’ai jamais vu une reprise de Brel meilleure que la version originale. Pour moi, Brel est « l’inaccessible étoile ». Sur scène, il est inégalable ; c’est un vrai comédien.

Vous donnez un concert en faveur de la Ligue contre le Cancer le 23 novembre prochain. Dans vos chansons, vous utilisez beaucoup l’humour. En tant qu’auteur, vous est-il facile de parler de thèmes graves comme la maladie ?
Je n’ai jamais écrit sur la maladie et n’ai même jamais composé de chansons d’amour. Je suis un trublion, pas un chanteur engagé. Ma philosophie se résume à cette citation inspirée de Flaubert : « à force de chercher le bonheur, on en oublie de tuer l’ennui ». Et justement, je ne sais pas faire autre chose que désennuyer. En ce moment, je travaille à mon prochain album « Clairlieu » et je me promène dans le paradis de mon adolescence. Comme je ne suis pas un grand lecteur, je n’ai pas d’imaginaire : j’écris ce que je vis. Ma plume est réaliste, plongée dans l’encre de mes expériences et des rencontres que j’ai faites.
Vous dites ne pas être un chanteur engagé. Pourtant, vous vous impliquez auprès d’associations comme la Ligue contre le Cancer. N’est-ce pas une forme d’engagement ?
Je ne donne des concerts de soutien que pour les enfants et les personnes malades. Je suis plus particulièrement touché par la lutte contre le cancer car ma mère est morte d’un myélome récemment. Le décès d’un proche agit comme un électrochoc. Comme dit Franck Ribéry, « Les vivants ferment les yeux des morts, et souvent, les morts ouvrent les yeux des vivants » [N. d. A. : en réalité, c’est un proverbe espagnol]. Ce que je retiens est qu’il faut bouffer la vie, en profiter au maximum.

Plus d’infos sur barzingault.com/fr
Barzingault donnera un concert spécial au bénéfice de la Ligue contre le Cancer le 23 novembre à 16h30 à l’Hôtel de ville de Nancy. Il sera accompagné de Christelle Vigneron à l’accordéon et de Sabina Mikurda au violon.